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Masques en rade

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Voilà, nous avons entamé la descente, le reflux. Pas du virus Covid-19, mais de l’économie en général. Enfin, « reflux » est un euphémisme. Quasi toutes les entreprises sont en chute libre avec, certes, l’assurance d’avoir un parachute, mais sans avoir forcément le mode d’emploi pour l’ouvrir et encore moins l’entraînement pour atterrir en douceur.

Les premiers chiffres publiés sont même effrayants. Un recul de 6 % du PIB au 1er trimestre, et même de 17 % sur le mois de mars selon la Banque de France, alors même que le confinement n’a porté que sur 15 jours. À 3 % de PIB la semaine de confinement, on n’ose imager l’étendue des dégâts à la libération, même partielle.

Sur le marché de l’emploi, près d’un salarié sur trois est en chômage partiel ou total en France. Dans le monde, l’Organisation internationale du travail (OIT) chiffre à 195 millions le nombre d’emplois qui pourraient être emportés par la crise du coronavirus.

Les États en sont conscients, renforçant leurs dispositifs d’urgence sans même se soucier des montants abyssaux engagés. Bruno Lemaire a revu à la hausse le plan d’urgence pour soutenir les entreprises dans cette période d’inactivité forcée, le passant de 45 à 100 Mds€. Les États européens se sont enfin mis d’accord sur un plan de relance de plus de 500 Mds€.

Certes, le choix entre la santé et l’économie ne peut pas être mis sur la table. Pour autant, il ne faudrait pas que le remède devienne plus dévastateur que le mal. Et que les entreprises sortent comme des zombies de cette période d’inactivité forcée. C’est pourquoi, au-delà de la durée du confinement, c’est la question de la sortie de celui-ci qui sera primordiale. Beaucoup d’entrepreneurs l’appellent de leurs vœux – des pétitions circulent sur une reprise du travail. Mais nombre d’économistes rappellent que la sortie du choc économique ne se fera qu’à la condition de sortir de cette pandémie. C’est ensuite que l’on glosera sur l’alphabet de la reprise économique.

En attendant, l’imposante et pataude machine administrative française, qui s’est quelque peu ratée sur le début de la gestion de la crise, particulièrement sur l’incapacité à fournir du matériel de protection aux soldats envoyés en première ligne, au devant du coronavirus, devra impérativement réussir sa stratégie de déconfinement. Il en va tout autant de la sécurité sanitaire de tous que de la restauration de la confiance, seul levier pour faire repartir durablement des pans entiers de notre économie de services.

Cela commencerait déjà par sortir de cette période de masques en rade.

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  • Personnes citées

    Bruno Le Maire

    Ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

    Ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

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