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Point de vue de Gontran Thüring, CNCC

Présentiel vs Distanciel

© PicsArt / Adobe Stock

Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), les ventes de produits grand public via le e-commerce ont augmenté de 6,5 % au premier trimestre avec un pic de +20 % au mois de mars. Au regard de la période de confinement que nous venons de vivre, ces chiffres n’ont rien d’anormal. On peut d’ailleurs se réjouir que certaines enseignes aient pu préserver une partie de leurs chiffres d’affaires grâce à leurs stratégies « omnicanales ».

Alors que les commerces et centres commerciaux ont progressivement rouvert leurs portes depuis le 11 mai, allons-nous observer un abandon massif du commerce présentiel au bénéfice du distanciel ?

Certes, cette crise a permis à un certain nombre de consommateurs de découvrir les avantages du e-commerce, en particulier la livraison à domicile alors que les déplacements étaient strictement limités. Pour un certain nombre de produits basiques de grande consommation et de services immatériels, on peut en effet s’attendre à ce que les habitudes prises perdurent.

Le « monde d’après » est à la mode. Certains ne l’envisagent que dans la virtualité des écrans de nos smartphones. Et pourtant, on constate que les centres commerciaux et retail parks ont rapidement retrouvé des niveaux de fréquentation élevés alors que leurs activités de restauration et de loisirs demeurent encore fermées et que les consommateurs pourraient craindre d’affronter ces lieux de rassemblement, nonobstant les mesures barrières strictement mises en œuvre.

On peut y apporter plusieurs explications. Tout d’abord, la nature humaine ne peut naturellement s’accomplir que dans un rapport à l’autre. En vieux français, « être de bon commerce » ne signifie-t-il pas être dans l’empathie ? Ensuite, la bonne appréhension d’un bien ne passe-t-elle pas par un lien indispensable, visuel, tactile, voire olfactif ? Enfin, comme le disait le poète Antoine de La Motte, « l’ennui naquit un jour de l’uniformité » et le shopping, n’en déplaise aux prophètes de la déconsommation, est encore pour nos concitoyens un moyen de se divertir.

Le Covid-19 nous a fait quelque peu oublier l’iniquité fiscale qui menace le commerce présentiel au bénéfice des « pure-players » de la nouvelle économie distancielle. Celui-là subit toujours l’héritage d’un impôt sur les portes et les fenêtres de l’Ancien Régime alors que ceux-ci pratiquent une optimisation fiscale (pour utiliser un terme poli) à tous crins. Le débat sur le sujet est heureusement vite revenu, que ce soit au niveau européen ou français. « Nous ne lâcherons rien sur la taxe numérique » vient d’affirmer Bruno Le Maire. À bon entendeur…

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