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Du choc d’offre… au trou d’air

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La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a dévoilé des chiffres peu amènes du marché du logement neuf au 1er trimestre. Des ventes qui reculent de près de 30 % de janvier à mars. Des mises en vente qui s’effondrent de 50 %, atteignant leur niveau le plus bas… depuis 2008. A priori pas de surprise, la crise du Covid-19 vient balayer tous les secteurs économiques, et le logement ne saurait faire exception.

Sauf qu’en l’espèce, le coup d’arrêt consécutif à la période de confinement ne porte que sur les 15 derniers jours de mars. En d’autres termes, le pire est à venir sur le plan statistique pour les promoteurs immobiliers. Les chiffres du 2e trimestre seront encore plus mauvais, alerte la FPI.

La dégringolade de l’activité n’est pas à mettre sur le dos d’un subit retournement de la demande. Celle-ci reste forte et s’en ressent dans les prix qui gagnent 2,3 % sur la France entière et 4,7 % en région parisienne.

Non, le problème est malheureusement plus classique et plus chronique. « La période électorale à rallonge a suscité l’attentisme », s’émeut Alexandra François-Cuxac, la présidente de la FPI, qui y ajoute des « dysfonctionnements » en matière de délivrance des permis de construire.

On s’éloigne à grands pas du choc d’offre promis par l’exécutif. Dans une interview aux Échos, le ministre du Logement, Julien Denormandie, en est réduit à vouloir « éviter un trou d’air à l’automne » dans la construction. Une vision toujours aussi court-termiste qui ne peut plus masquer l’échec depuis un demi-siècle d’une politique centralisée du logement. De tous les experts qui se sont penchés sur la question, aucun n’a trouvé la (ou les) solution(s) pour sortir les SDF de la rue, lutter contre le mal-logement, casser les ségrégations spatiales…

Il n’y a plus de Paul Delouvrier en France, mais en faut-il un pour résoudre une équation simple dans son intitulé – garantir un toit pour tout le monde – et complexe tant il y a d’inconnues.

La question du logement est intimement liée à celle du territoire qui dépasse l’approche d’un simple zonage édicté depuis Paris. Le logement devrait être la première pierre d’une réelle politique de décentralisation, demandée par les Français, avec la difficulté de trouver la bonne échelle de décision territoriale pour éviter le malthusianisme grégaire de nombreux élus locaux. Reste à savoir si les jacobins lâcheront enfin du lest aux girondins.

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