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En vert et contre tous ?

© sobreton

Une sourde inquiétude pointe chez les acteurs immobiliers au lendemain du second tour des élections municipales. La percée écologiste et la conquête de bastions clés – voire même de symboles comme Lyon ou Bordeaux – font craindre un nouveau coup de frein sur la production de logements. Coup de frein qui pourrait s’étendre à l’ensemble des projets immobiliers.

Ces nouveaux maires écologistes se sont fait élire sur des programmes appelant à lutter contre la « bétonnisation » au nom de la défense de l’environnement. En clair, à geler les projets immobiliers comme l’a ouvertement appelé le nouveau maire de Bordeaux, Pierre Hurmic.

Cette inquiétude est-elle justifiée ? Après tout, la plupart des édiles en place, quelle que soit leur couleur politique, ont soigneusement fermé le robinet des permis de construire avant les élections. Comme tous les six ans. Avec plus ou moins de succès au final. L’un de ceux qui a clairement stoppé la construction de logement est le maire de Grenoble, Éric Piolle. Depuis son arrivée à la tête de la mairie et de la métropole, les permis de construire y ont chuté de 40 %. Bien lui en a pris, il a été réélu haut la main.

Pour autant, les élus verts vont devoir gérer un certain nombre de paradoxes. Préserver la qualité de vie des uns ne doit se faire au détriment de celles des autres. La vague de piétonnisation des centres-villes exclut de facto certaines catégories de citoyens, en assigne d’autres à résidence, quand bien même la voiture individuelle n’est plus la solution. Faire rentrer la nature en ville ne peut pas se traduire systématiquement par un appel à la fin de la « bétonnisation ». Surtout que la France accuse un déficit de 1 million de logements et ne saurait tolérer une politique malthusienne de construction. Renoncer à l’étalement urbain pour éviter l’artificialisation des sols suppose d’accepter, sous une forme ou sous une autre, une densification ou une intensification de la ville. En somme, construire plus haut, ou (et ?) casser une réglementation tatillonne qui freine la multiplicité d’usages et la réversibilité des bâtiments.

Tous ces défis sont posés sur la table des nouveaux élus qui vont devoir arbitrer entre convictions et réalités, entre dogmatisme et pragmatisme. Écologie et économie ne peuvent se regarder en chien de faïence. Il faut savoir concilier les oppositions nécessaires et fécondes pour rendre une ville juste et parfaite.

Sinon, gare au syndrome de Grenoble. Quand les cyclistes pavoisent, certains commerçants agonisent. « Si ma ville est un laboratoire, moi je ne suis pas un rat », témoigne l’un d’eux au micro de LCI.

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