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Green Deal : vers un continent européen au bilan carbone neutre ?

Avec le Green Deal, la Commission européenne a insufflé un vent d’optimisme. Un « nouveau Bauhaus européen » doit rendre les villes climatiquement neutres. Pour Heiko Butter, qui codirige la filiale française de Drees & Sommer, le leader européen du conseil en immobilier et en construction, comme le secteur du bâtiment représente environ 40 % de la consommation énergétique et de l’émission de gaz à effet de serre au sein de l’Union, l’acte de construire doit être repensé, car cette filière recèle un énorme gisement d’économies non exploitées qui nécessite l’adoption d’un plan à grande échelle.

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Pour imaginer la ville idéale, nous devons intégrer le facteur « avenir » au processus de construction. Considérons nos maisons comme des arbres et nos villes comme des forêts. Ceci signifie qu’au-delà des façades végétalisées ou des potagers sur les toits, il convient d’analyser de manière globale le cycle des matériaux pour que les déchets de la construction soient absorbés par les nouveaux projets immobiliers. Pour atteindre ces objectifs ambitieux mais vitaux de neutralité carbone fixés par l’Union européenne, soyons plus verts, consommons moins de terrains et contribuons de manière positive à la biodiversité.

Pour rendre les villes climatiquement neutres, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui vient d’exposer ses priorités politiques pour l’Union européenne, mise sur la création d’un « nouveau Bauhaus européen ». Si les mesures envisagées sont appliquées avec cohérence, cet objectif est réalisable. Les nouvelles constructions affichent déjà d’excellents résultats sur le plan environnemental, mais le principal problème réside dans les bâtiments existants. Aujourd’hui, dans l’Union européenne, seul un bâtiment sur cent est rénové dans une logique d’efficacité énergétique et environ 85 % du parc s’oriente vers l’obsolescence.

Pour rendre l’UE climatiquement neutre d’ici 2050, proposons le déploiement d’un programme de rénovation d’envergure assorti d’échéances courtes.

• Une prise de conscience collective

La législation et les subventions allouées sont des leviers importants qu’il convient d’optimiser, à l’instar de la directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments ou du programme de subventions pour le remplacement des chaudières à mazout par un mode de chauffage basé sur les énergies renouvelables. L’utilisation de l’énergie doit donc être repensée de manière plus innovante. À titre d’exemple, environ 50 % de la chaleur produite par les entreprises industrielles sont aujourd’hui gaspillés avec, pour effet, la détérioration de l’environnement et la baisse des performances économiques. Comme en Suède, cette chaleur pourrait être réaffectée à des immeubles de bureaux résidentiels. Il faut responsabiliser sur le plan écologique tous les acteurs concernés par ce gâchis : propriétaires de bâtiments, investisseurs immobiliers et entreprises.

• Les mentalités évoluent

Le changement climatique et le mouvement des « Fridays for Future » ne laissent pas le secteur immobilier indifférent. Néanmoins, les critères de durabilité des bâtiments plus respectueux de l’environnement ne sont pas encore réglementés uniformément et demeurent donc difficiles à comparer. Force est de constater que les critères dits ESG (environnements, sociaux et de gouvernance) sont de plus en plus à la base des investissements et leurs champs vont au-delà des aspects purement écologiques. Les gouvernances et les grandes composantes sociales jouent un rôle important dans ces prises de décision.

• Le recours nécessaire à la recyclabilité

Durabilité et rentabilité sont souvent présentées comme contradictoires, or, aujourd’hui, les maisons à énergie positive produisent plus d’énergies qu’elles n’en consomment. L’usage des ressources ne doit plus être à sens unique. Le secteur de la construction absorbe environ 50 % des ressources européennes et génère, dans le même temps, plus de 60 % des déchets, dont une partie significative sous forme toxique. Le principe dit « Cradle to Cradle » (C2C) peut remédier à cette situation. Ce procédé repose sur le principe de recyclabilité. Il permet de donner une seconde vie aux matériaux de construction en cas de démolition des bâtiments qu’ils constituaient. Les immeubles deviennent ainsi des banques de matériaux dont les composants ne sont plus des déchets en fin de cycle, mais des ressources pour de nouveaux projets. Appliquée à des villes entières, cette démarche peut libérer d’énormes gisements de matières premières en sommeil.

Les villes devraient donc évoluer en combinant les usages plutôt qu’en les segmentant. Elles vont s’orienter vers un concept de mobilité intégrée et se densifier pour libérer de nouveaux espaces.

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