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Point de vue de Loïs Moulas, OID

Quand la valeur extra-financière des actifs immobiliers devient financière

Pour la publication de la 3e édition annuelle du Baromètre de l’immobilier responsable, l’OID, en partenariat avec l’IEIF, réunissait un panel des représentants des principaux segments de l’investissement immobilier professionnel français, l’Aspim, la FFA et la FSIF. Témoins de l’engouement croissant pour la valeur extra-financière, le webinaire a réuni 500 personnes afin de revenir sur les tendances ESG 2020 et échanger sur la prospective 2021, dans un contexte réglementaire, normatif et environnemental en tempête !

© Jérôme Rommé/Fotolia

La période singulière que nous vivons agit comme un catalyseur pour l’essor des pratiques d’investissement responsables en France et au niveau international. La dynamique réglementaire y est également pour beaucoup, avec la sortie label ISR, les nouvelles exigences de reporting de la loi Énergie Climat et les critères de la taxonomie verte européenne, pour ne citer que ces dispositifs. L’accélération est forte, mais allons-nous suffisamment vite pour rattraper l’agenda des crises environnementales. En effet, 2020 pourrait être une des années les plus chaudes de l’histoire contemporaine avec une hausse de +1,2 °C au niveau mondial, contre 1,8 °C déjà constaté en France en 2019, par rapport à l’ère préindustrielle alors qu’on parle encore de limiter l’augmentation de la température à 2 °C d’ici à 2100.

Si le Baromètre de l’immobilier responsable de l’OID publié le 8 décembre 2020 montre une accélération forte de la prise en compte d’enjeux tels que la biodiversité ou les risques climatiques par les gérants immobiliers, l’énergie et le climat tiennent toujours le podium en termes de préoccupation. De façon générale, les critères environnementaux (E) et de gouvernance (G) arrivent devant les critères sociaux et sociétaux (S), bien souvent traités réglementairement et donc jugés comme moins matériels. Avec une note de 5/10, « l’enjeu “Impact territorial et emploi”, arrive en dernier du classement de matérialité... » C’est pourtant, d’après un sondage réalisé pour Vigeo Eiris et le Forum pour l’immobilier responsable, l’enjeu le plus important pour les Français concernant l’ISR. Cela révèle le décalage existant entre les attentes des utilisateurs finaux et celles des investisseurs qui, poussés par le contexte climatique et le dispositif éco-énergie tertiaire, se sont intéressés, de façon historique, principalement aux questions d’énergie.

Quoi qu’il en soit, le contexte économique va accroiîre l’importance donnée à l’attractivité des immeubles, fondée sur les enjeux de « confort & bien-être », « santé & sécurité » et « services aux occupants ». Et l’expérience de ces 30 dernières années montre la limite des solutions technocentrées sur l’atteinte d’objectifs en matière de réduction des consommations énergétiques et des émissions de GES, sans une acceptabilité sociétale de ceux-ci. On pourrait parler d’une belle opportunité pour les investisseurs immobiliers qui sauront la saisir.

Ce que l’on constate également, c’est le rattrapage progressif, en matière de pratiques ESG, des investisseurs et des Sociétés de gestion de portefeuille qui tendent vers l’excellence des Sociétés d’investissement immobilier coté françaises, notées comme les plus performantes au niveau mondial selon certaines agences extrafinancières telles que le GRESB.

Tous ces signaux montrent bien l’importance croissante de la notation extrafinancière des acteurs et de leurs actifs immobiliers pour les investisseurs. Et, de ce fait, la financiarisation de l’extrafinancier vers l’émergence d’une définition de la valeur verte !

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