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Bas carbone, haut barnum

© Business Immo. Image de couverture : Mat Let

La crise sanitaire aura eu au moins une vertu : la fin du déni sur la lourde empreinte carbone de l’urbanisation de nos sociétés et, par corolaire, de nos activités immobilières. Cette prise de conscience – tardive, mais salutaire – est le nouvel alpha et oméga de la fabrique de la ville. Toutes les clés de lecture de notre écosystème sont passées aux rayons X du carbone : des matériaux aux usages, en passant par l’étalement urbain ou les procédés constructifs. 

Le bilan est… mitigé. En dépit de réels progrès techniques et technologiques, en dépit d’une indéniable intention de faire, en dépit d’un mouvement profond des majors, l’industrie de la ville ne parle pas tout à fait d’une seule et même voix face à l’enjeu du bas carbone. La faute sans doute à son degré insuffisant tout à la fois d’industrialisation, de concentration et de gains de productivité. La faute également à la difficile équation du bilan économique. La faute, enfin, à une filière R&D qui n’a pas encore trouvé une alternative sérieuse au « tout béton ». 

Pour autant, l’immobilier est sans doute l’industrie qui est en mesure, en France, de relever le défi du bas carbone dans une démarche holistique. Dans le neuf en tout cas, où un consensus de place semble fort heureusement s’imposer à tous les étages : de la stratégie de groupe au chantier bas carbone. Oui, mais voilà : le neuf n’est plus le seul avenir de la filière immobilière dont le code a changé. Entre l’objectif zéro artificialisation nette, la chute de la construction de logements ou la déprime des bureaux, le mètre carré neuf va plutôt se faire encore plus rare dans les prochaines années. Le véritable enjeu du bas carbone est donc celui du parc existant, face immergée de l’iceberg pour laquelle la filière n’a pas encore trouvé le bon mode d’emploi. 

Ne nous y trompons pas : la question environnementale est la première préoccupation des citoyens du monde occidental. L’industrie immobilière ne fera pas l’économie – à l’instar de la filière automobile – de cette révolution copernicienne qui vient. Concentrant tout à la fois le problème et la solution, l’immobilier se trouve dans une trajectoire plutôt positive pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris dont la traduction française se lit dans la Stratégie nationale bas carbone. Même si la pente est un peu raide, la marche est encore jouable, les leviers sur la construction et l’immobilier encore mobilisables, et les moyens sont là pour atteindre, en 2050, la neutralité carbone. Pour Laurent Morel, associé au sein de Carbone 4, « c’est la plus grosse révolution industrielle à laquelle l’immobilier a été confronté. Il y aura des gagnants et des perdants. Des entreprises survivront et d’autres pas ». 


Édito issu du dernier magazine Business Immo 174

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  • Personnes citées

    Laurent Morel

    Président

    Institut Français pour la Performance du Bâtiment

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