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Joachim Azan, Novaxia

Loi Climat : nécessité de convergence entre immobilier résidentiel et responsable

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C’est désormais acté : le 4 mai, les députés ont voté la loi Climat et résilience. Avant l’été, le texte passera au Sénat. L’objectif est clairement défini dans la loi : la zéro artificialisation nette (ZAN) des sols à échéance 2050. Dans un contexte de pénurie de logements, comment faire converger les principes écologiques avec les nécessités économiques et sociales liées au logement ? Une chose est sûre : il faut désormais trouver des solutions. On ne peut plus attendre.

La lutte contre l’artificialisation des espaces naturels partout où cela est possible est l’objectif prioritaire de la loi. Celle-ci impose clairement l’objectif de zéro artificialisation nette, ce qui implique une profonde mutation des politiques d’urbanisme pour aller vers plus de sobriété dans la gestion de l’espace. On estime que tous les huit ans, l’équivalent d’un département français disparaît dans l’artificialisation des sols. Devant cette fuite en avant, les membres de la Convention citoyenne pour le climat ont proposé via la loi Climat de mettre un coup de frein à l’étalement urbain pour atteindre la zéro artificialisation nette à horizon 2050. Ainsi, cette loi, introduite au préalable par une consultation citoyenne de 150 Français tirés au sort, pose clairement les enjeux et les objectifs à atteindre.

Pour l’heure, l’objectif est de diviser par deux le rythme d’artificialisation dans les dix ans à venir. Le texte comporte des modifications des règles d’urbanisme et des dispositions pour la protection de l’écosystème. Cette loi met en exergue la coexistence de deux problématiques qui sont en apparence contradictoires. En effet, depuis plus de 40 ans, l’État est confronté à une pénurie de logements qui nécessite la construction de milliers de logements supplémentaires chaque année. Lorsqu’on sait que la construction de logements est responsable à hauteur de 70 % de l’artificialisation des sols, les députés se doivent aujourd’hui de préserver la nature tout en avançant sur l’épineux dossier de sa politique du logement, afin de répondre aux aspirations de Français sur le logement et la protection de l’écosystème.

Loi Climat et pénurie de logements : la quadrature du cercle ?

Cette politique de lutte contre l’artificialisation des sols semble donc de prime abord se heurter aux impératifs socio-économiques de la population française qui croît année après année. De facto, comment concilier cette impérieuse nécessité écologique avec ce principe de réalité démographique ? Dans ce contexte, les acteurs de l’immobilier se doivent d’avancer tambour battant pour répondre aux aspirations des Français tant en matière de biodiversité que dans leurs besoins de se loger.

Les pistes pour faire converger les impératifs économiques et écologiques

La crise sanitaire va libérer des millions de mètres carrés au cœur des grandes métropoles. Pourquoi ne pas, à l’instar des déchets ou des téléphones portables, transformer cette manne providentielle – déjà obsolète – en logements, dont nous manquons cruellement ? Par ailleurs, des études récentes démontrent avec constance que 3 à 6 millions de m2 vont se libérer avec l’augmentation des pratiques de télétravail. Il faut donc dès aujourd’hui se projeter dans le monde qui nous attend demain. Puisqu’une partie de notre parc immobilier de bureaux est destinée à péricliter, le temps du recyclage est sans doute arrivé.

Bien entendu, il ne s’agit pas d’enterrer l’immobilier tertiaire à six pieds sous terre. Cependant, d’aucuns voient dans les crises des opportunités. Nous sommes résolument de ce côté. Nous y voyons même un formidable gisement d’opportunités. Cet alignement des planètes peut d’ores et déjà être une première réponse pour la zéro artificialisation nette. Ce constat induit que ce recyclage doit être le fruit d’une entreprise collective et des points de vue décloisonnés. Ainsi, si tout le foncier n’est pas éligible au recyclage, d’autres pistes pourront être étudiées. Dès lors, en 2021, avons-nous encore le luxe de ne pas y réfléchir ?

La Convention citoyenne pour le climat a jeté les bases de la zéro artificialisation nette des sols en 2050. C’est désormais acté et personne ne peut plus l’ignorer. En répondant présents sur ces nouveaux enjeux, nous avons tous à y gagner. À commencer par les épargnants et les investisseurs, mais également les assureurs, promoteurs, banques, propriétaires, élus, architectes… J’en suis persuadé, l’avenir est aux partenariats entre tous les acteurs de la chaîne immobilière, pour développer l’investissement dans le recyclage urbain au bénéfice du plus grand nombre.

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