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Au feu !

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Evergrande n’est pas Lehman Brothers. Mais quand même… Les marchés financiers chahutent, les analystes s’excitent, les investisseurs commencent à se faire peur. Pour l’heure, tout un chacun se demande si l’incendie allumé par un promoteur immobilier connu des seuls Chinois est sous contrôle.

L’hypothèse qui recueille le consensus de place est celle d’une crise qui se limiterait à la Chine avec des turbulences sur les marchés boursiers et obligataires locaux et quelques signes de tensions sur les marchés de financement chinois. Les seules retombées mondiales seraient susceptibles de se propager plus par l'économie réelle, avec une baisse de la croissance économique chinoise, que par les canaux financiers. C’est ce qui marque la grande différence avec la faillite de Lehman Brothers en 2008, écartant un risque de crise systémique.

Pour autant, la déconfiture d’Evergrande est révélatrice d’un problème un peu plus sérieux : celui de l’endettement excessif. Lequel trouve son origine dans l’emballement du marché immobilier. Une bulle même avec des prix des logements qui ont été multipliés par six en 20 ans dans les principales métropoles chinoises. La situation rappelle ce qu’avait connu les marchés immobiliers américains avant 2008 ou, dans une moindre mesure, les flambées des marchés irlandais ou espagnols.

Pour circonscrire l’incendie, la banque centrale chinoise appelle les institutions financières à stabiliser les prix des terrains et des logements. « Les logements servent à se loger, pas à spéculer », rappelle le régulateur.

La maxime devrait être étendue à tous les marchés, y compris en France où le spéculateur n’est pas peut-être pas celui auquel on pense naturellement. Le foncier reste le premier poste de coût d’un logement neuf, représentant jusqu’à 40 % du prix de sortie en zone tendue. Souvent, il est maîtrisé par les communes qui, après avoir perdu le produit de la taxe d’habitation, s’accrochent à l’un des derniers leviers financiers pour sauvegarder leur budget.

Quelles solutions alors pour éviter un emballement excessif des prix ? Une régulation par le haut en encadrant les loyers va davantage détourner les investisseurs de l’immobilier que résorber la demande. Une régulation par le bas en dictant le prix des charges foncières est illusoire, sauf à rétablir l’État dans ses prérogatives d’aménageur du territoire.

La seule réponse passe par une augmentation significative de la production de logements (et de sa qualité) afin de rééquilibrer un tant soit peu l’offre avec la demande. Plus que jamais, la question du logement devrait être au centre des préoccupations des candidats à l’élection présidentielle. Car l’immobilier est toujours une matière explosive.