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Par Laurent Michelin, Bouygues Immobilier

Donner un nouveau souffle aux innovations des promoteurs grâce au design

Le télétravail et les confinements successifs de ces derniers mois ont profondément modifié le ressenti des Français vis-à-vis de leur logement. En 2020, 54 % des locataires envisageaient de changer de logement, contre 16 % en 2019. L’influence de la crise sanitaire est évidente, mais au-delà de cela, les Français rêvent d’un logement qui soit plus en adéquation avec des usages qui ont évolué.

Le futur quartier de la Marina de Cormeilles-en-Parisis, dans le Val d’Oise, a été imaginé par l’Atelier Xavier Bohl. Il comprendra un port de plaisance, 750 logements, 3 000 m² de commerces, un groupe scolaire et une crèche. © KRAKEN

Le secteur de l’immobilier se focalise depuis très longtemps sur les performances et les caractéristiques des bâtiments, privilégiant l’innovation technique et architecturale au détriment des usages et du ressenti des habitants qui vont y vivre au quotidien. Et si innover dans l’immobilier aujourd’hui, c’était se baser sur les expériences et les émotions des usagers pour embellir leur quotidien ? Il est temps pour notre secteur de se réinventer et de changer de paradigme en privilégiant une innovation globale et de fond. Comment ? En faisant des problèmes rencontrés au quotidien le point de départ de l’innovation. Le design apparaît dès lors comme la solution pour adresser cette problématique.

Le design au coeur de l’innovation

Beaucoup plus qu’une approche esthétique, le design est une discipline qui, partant d’une problématique définie (exemple : comment mieux ranger ses affaires dans son logement) et d’observations terrains ou d’enquêtes utilisateurs, permet de concevoir des logements adaptés. Le designer va alors créer des expériences qui s’appuient sur les émotions, le sens et l’identité des usagers, grâce aux formes, aux matières, aux couleurs et aux finitions. L’innovation par le design, encore peu répandue dans le secteur de l’immobilier, est pourtant largement utilisée depuis plusieurs décennies dans d’autres secteurs, notamment ceux de la Tech ou de l’automobile.

Cette nouvelle approche impose donc à tous les acteurs du secteur immobilier de mener une introspection. Qui sont les destinataires de nos logements ? Quels sont leurs besoins, leurs aspirations ? Comment adresser leurs problématiques ? Quelles solutions nouvelles leur apporter ? Des interrogations dont les réponses peuvent être obtenues par voie d’observations, d’enquêtes de satisfaction ou de consultations citoyennes et qui se révèlent capitales. Un véritable changement que nous avons déjà implémenté chez Bouygues Immobilier et qui nous permet d’identifier, mais surtout de prendre en compte les grandes tendances de fond de notre société liées au logement ou à l’urbanisme. Une vision de l’innovation qui permet par ailleurs de réfléchir à des espaces à la fois modulables, faciles d’utilisation et en réelle adéquation avec les styles de vie des usagers.

Ainsi, la consultation citoyenne que nous avons menée avec Bluenove démontre que les habitants rêvent d’un quartier où il fait bon vivre, permettant la création de lien social. Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, les Français ne souhaitent pas tous quitter les grands centres urbains, en revanche ils aimeraient habiter « un village dans la ville » ; une autre sorte de retour aux sources. Retrouver un « esprit village » où tout serait accessible, à pied ou en mobilité douce, en moins de 15 minutes, notamment grâce aux commerces de proximité, est devenu un besoin réel auquel aménageurs et promoteurs peuvent facilement apporter une réponse par le biais du design et sans nécessairement faire appel à la technologie. Jardins thérapeutiques dotés de nichoirs et de pergolas, attaches et stations de réparation pour vélos ou encore barbecues partagés sont autant de « petits plus » à forte valeur d’usage qui permettront aux habitants de renouer avec leurs quartiers.

Aujourd’hui et plus que jamais, nous devons conjuguer approche investisseur avec approche utilisateur et surtout passer d’une approche standardisée à une approche adaptée. En ne se focalisant plus uniquement sur l’innovation technique ou digitale mais sur une innovation à la fois sociale, environnementale et porteuse de sens, nous pourrons concilier ce que les gens veulent avec ce qui est techniquement possible de faire, mais aussi avec ce qu’il est urgent de mettre en oeuvre en matière de durabilité ou de profitabilité.


Article issu du numéro 179 de Business Immo Global.

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