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Bureau, mon beau bureau…

Espaces restructurés, mobilier dernier cri, œuvres d’art… Le bureau se pare de nouveaux atours pour séduire les salariés et leur donner des envies de retrouvailles, mettant le beau à l’honneur. Ou comment joindre l’utile à l’agréable…

© Pierre-Louis Tilly / Parella

Longtemps, l’architecture d’intérieur des entreprises a été le parent pauvre de ce secteur d’activité. Longtemps, les collaborateurs avaient le choix entre deux fauteuils gris ou deux bureaux blancs. On préservait les budgets pour l’image que l’entreprise souhaitait imprimer dans les yeux des visiteurs. Certes, la gamme et le choix étaient plus larges et plus ouverts qu’au temps de la « Ford T noire », mais les codes restaient parfois uniformes, à l’exception de quelques locaux emblématiques revendiquant leur différence.

L’immobilier d’entreprise, à l’instar de 80 % des bureaux de La Défense, était homogène. Il était en général porté par deux grands courants :

  • un premier qui visait à maîtriser et optimiser les coûts immobiliers ;
  • un second qui voulait utiliser l’immobilier dans sa valeur statutaire comme un vecteur d’attractivité plus souvent orienté clients ou cadres de direction que collaborateurs.

La crise sanitaire que nous traversons montre que cet immobilier a vécu (au moins sur le papier). Il va devoir se transformer, au rythme de la capacité des entreprises et des organisations, car le chantier est d’ampleur, tant financièrement que symboliquement.

Deux transformations s’offrent à nous : celle des usages et celle du beau. Précisons que dans le cas précis, je me démarque volontairement de la vision de Théophile Gautier qui martelait que « tout ce qui est utile est laid ». Ici je prétends bien le contraire.

L’utile au premier plan

Les collaborateurs, à tout niveau de la hiérarchie, ont en majorité trouvé des avantages au télétravail, au point de vouloir le voir perdurer dans une forme plus équilibrée, entre deux et trois jours par semaine sans doute. Certaines activités ont été jugées parfaitement adaptées hors du bureau, notamment les activités avec un faible niveau d’interaction et de socialisation. De plus, les anciens irritants des bureaux (transports, aménagements anciens…) sont devenus plus acceptables, car une respiration a été offerte. La vision du bureau a donc changé.

Hier, le poste de travail était unique, attribué et « tous usages confondus » : rédaction d’une note, appel téléphonique pro ou perso, échange avec d’autres… Aujourd’hui, il faut repenser les espaces et les spécialiser au regard des différents usages attendus au cours d’une journée, d’une semaine : activités collaboratives, sociabilisation, réunions, temps de concentration… Les espaces doivent donc devenir agiles et configurables avec les mêmes détails et options que la configuration d’un véhicule peut-être.

Avec cette prise en compte des usages, la structuration des espaces de bureaux passe d’une logique de type « prêt-à-porter » à un immobilier d’entreprise sur mesure, avec des espaces par nature variés.

Place donc aux architectes, designers et conseils qui vont devoir comprendre et intégrer l’ADN de l’entreprise et les envies (mobilières, spatiales, digitales…) des collaborateurs  avec une obligation : transformer les bureaux en des lieux qui vont porter les nouveaux usages, la collaboration et l’envie de revenir travailler. Ces derniers devront (re)trouver l’écoute et l’empathie nécessaire, car leur métier va changer… plus qu’ils ne l’imaginent. Ces envies sont portées par les usages, mais pas seulement…

La revanche du beau

Nous avons appris de cette crise que nous devons donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau. Ils veulent des bureaux adaptés, agiles et beaux. Les nouveaux équilibres entre temps de travail sur site et télétravail vont sans doute s’inscrire dans de nouvelles organisations du travail qui vont faire la part belle au flex office. Assurément, la bascule de l’organisation du travail avec deux journées en télétravail associées à un certain niveau de flex office permet de transformer les codes et de les financer aussi. Le beau va peut-être remplacer les mètres carrés inoccupés ou inutiles.

Il ne s’agit plus de copier des espaces « comme à la maison » ce qui était la tendance ces dernières années, puisque les collaborateurs y sont en télétravail. Il va s’agir de prendre d’autres codes : hôtels, restaurants… ou d’en inventer de nouveaux.

L’enjeu est de créer un nouveau cadre pour mieux travailler alors que la concurrence des lieux de travail va devenir forte entre bureau, homeworking, coworking, etc. Il va falloir imaginer une nouvelle équation de lieux et faire en sorte que le bureau siège soit à la hauteur, tant par les services que l’esthétique. Au même titre que la productivité des collaborateurs serait augmentée de 20 % en présence de « vert », on peut intuitivement imaginer qu’un cadre de travail réinventé apportant une ambiance conviviale, chaleureuse et accueillante serait aussi un levier de performance et d’attractivité.

Cette arrivée de l’esthétisme dans les bureaux peut se traduire de façons très différentes d’une entreprise à l’autre. Une seule certitude, cette dimension doit être prise en compte car l’attente est forte et c’est une formidable opportunité pour nous tous au bénéfice des collaborateurs. Il ne s’agit donc pas de transformer les bureaux en galeries d’œuvre d’art, mais bien plus d’améliorer le plaisir de venir au bureau… et d’y rester.


Article issu du numéro 180 de Business Immo Global.

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