Emmanuel Grégoire a présenté opportunément en cette semaine de COP26 les grandes lignes du nouveau plan local d’urbanisme (PLU) de Paris. Un PLU qui doit remplacer dès 2024 celui adopté en 2006, sous la mandature de Bertrand Delanoë, et jugé « obsolète » par ses héritiers.
Le nouveau PLU sera « bioclimatique », comme pour mieux souligner que les enjeux environnementaux ont pris le pas sur tous les autres dans la fabrique de la ville. Ce qui aurait pu être une ambition écologique est devenu une nécessité avec la crise climatique. Ce n’est plus d’objectifs à atteindre dont il faut parler, mais de devoirs à remplir.
Aussi, il est important que la promesse faîte d’un PLU bioclimatique ne s’évapore pas dans un énième abus de langage. Bioclimatique suppose de tirer parti de son environnement naturel plutôt que de le dégrader, mais présume également de ne pas le subir. Ramené à l’échelle de l’urbanisme, c’est un nouvel équilibre à trouver pour lutter contre le réchauffement climatique. Et donc un nouveau dialogue qui doit s’engager entre la ville et les acteurs immobiliers.
Ce dialogue ne sera possible qu’à la condition d’emmener tout le monde sur le même chemin et dépasser les quelques clivages partisans et égoïsmes micro-locaux. Exemple type avec la question de la densité, que tout le monde appelle de ses vœux… surtout si elle se passe chez son voisin. À Paris, elle se cristallise par la nécessité ou non de construire des tours. Poussée par le précédent PLU, elle se heurte aujourd’hui à une fin de non-recevoir transpartisane entre des élus qui s’autoproclament seuls défenseurs de l’environnement et des riverains davantage soucieux de figer le paysage autour d’eux. Le PLU bioclimatique prôné par Emmanuel Grégoire enterre le principe de construire de nouvelles tours au moment même où la plus contestée d’entre elles – la tour Triangle – pourrait être en chantier.
Ce sont ces petits paradoxes que la mairie de Paris devra assez rapidement régler si elle veut prétendre jouer un rôle actif, puissant et efficace dans la mutation de la ville, et surtout dans l’adaptation de celle-ci à la nouvelle donne climatique. L’enjeu est d’autant plus important que Paris est regardé du monde entier.
