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Tears for fears

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Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. C’est un peu ce qu’Alain Taravella a promis en introduction du colloque de l’IEIF. L’emblématique président fondateur du groupe Altarea a rappelé à ceux qui resteraient dans un délicieux et confortable déni, que l’industrie immobilière est à la veille d’un big bang.

Ce big bang, c’est évidemment la lutte contre le dérèglement climatique qui va questionner l’acte de construire la ville, depuis son acceptation par les citoyens jusqu’aux procédés constructifs, et remet en cause la fameuse rente que l’on attache volontiers à un immeuble.

L’injonction environnementale, accélérée par la prise de conscience de la société civile, bouleverse non seulement la demande, mais impacte surtout les modèles économiques de toute la chaîne de l’immobilier. « Nous devons consentir à gagner moins d’argent demain qu’hier, et accepter des rendements plus faibles. » Sorti de la bouche de l’un des tous premiers acteurs de la fabrique de la ville, le propos est fort. Il englobe tout autant la marge jugée confortable du promoteur que le rendement singulier de l’investisseur dans un contexte de taux bas. Le risque pour le président d’Altarea, c’est tout simplement « d’aller dans le mur ».

Dans le mur de l’incompréhension mutuelle. Et on y est aujourd’hui quand on voit la défiance des élus locaux, sous la pression de leurs administrés, face aux projets immobiliers. L’un des premiers combats de la filière sera de convaincre les politiques et les citoyens que les opérateurs immobiliers ont changé. « Il faut agir pour le bien de la planète », ose Alain Taravella. Et le prouver par les réalisations.

En face, il faudra aussi faire cet aggiornamento. Le citoyen que nous sommes devra gérer ses propres contradictions entre la volonté de sauver la planète et préserver son petit environnement immédiat, pour ne pas tomber dans un « égologisme » de bas étage. L’État devra engager sa simplification normative pour stimuler l’initiative et la doubler d’une nécessaire stabilité des lois et règlements pour rassurer les investisseurs. Autrement dit, arrêter de légiférer à l’émotion et replacer le temps long dans l’action publique. Peu importe qu’elle ne soit pas strictement alignée sur les échéances électorales. Enfin, au niveau local, il faudra s’attaquer sérieusement à la question de la gouvernance territoriale. Peut-on encore laisser tout pouvoir à un maire qui peut prendre des décisions d’urbanisme tout à fait cohérentes à l’échelon local... mais dévastatrices sur le plan global ?

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