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La "ZAN" attitude

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Avec l’obligation ne plus artificialiser le moindre mètre carré de foncier vierge, la promotion immobilière devra-t-elle faire le deuil de son métier ? Si l’on s’inspire du modèle de la psychologue Élisabeth Kübler-Ross, les opérateurs semblent avoir passé, difficilement pour certains, les phases de déni, de résistance, de dépression pour arriver dans celle de l’acceptation et même d’intégration pour les plus avancés d’entre eux.

À commencer par Vinci Immobilier, qui a dévoilé une stratégie innovante autant qu’ambitieuse en s’engageant à atteindre la « zéro artificialisation nette » dès 2030. Avec 20 ans d’avance sur la loi ! À l’échelle du temps immobilier, cet objectif vous engage dès à présent. Surtout, l’originalité de la démarche du promoteur est de s’inscrire dans une stratégie globale de développement économique. Pas question de décroissance ici, inaudible pour une entreprise privée, et surtout inconcevable au regard de l’expression des besoins de logements.

Rappelons que la France a touché son plus bas niveau de construction de logements depuis 20 ans avec 380 000 permis de construire délivrés. Ce contre-choc d’offre se traduit par une flambée des prix, de plus de 20 % depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron et un coût du logement qui pèse 30 % dans le budget des Français, et même 40 % pour les plus modestes.

Ajouter une politique malthusienne en termes de foncier aux nombreux coups de canif qu’aura subi l’industrie immobilière peut paraître suicidaire au regard des risques d’agrandir les fractures sociales, territoriales et générationnelles. Et pourtant, l’urgence climatique commande de ne plus dégrader les sols. Mais alors, quelles solutions s’offrent à nous ?

La densité ? Elle est rejetée par l’égoïsme des mêmes qui dénoncent la malfaisance de l’étalement urbain. C’est au politique de l’imposer au niveau local. Encore faut-il qu’il en ait le courage. La compensation ? Elle pourra être utile à condition de bien l’encadrer au risque d’y voir se creuser des distorsions territoriales. Une nouvelle planification urbaine ? M’ouais… Avec la menace que la prochaine génération débine les architectes et urbanistes encensés par la précédente. Le recyclage urbain ? Assurément. Mais il ne sera d’autant plus efficace que s’il s’accompagne d’un assouplissement de la réglementation en faveur de la réversibilité des usages.

Dans cette volonté de lutter contre le réchauffement climatique, l’État ne peut se contenter de l’injonction. Il doit être partie prenante de l’action.

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