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Le bureau et l’appel du large

© New Africa / Adobe Stock

Ont-ils tous quitté Paris ? Vague après vague s’évapore le sentiment d’effervescence qui sied à toute capitale économique. Le Covid-19 a initié une première série de départs ; le variant Delta a encouragé certains à ne pas revenir ; Omicron pourrait bien convaincre les derniers sceptiques qu’il y a bien une vie en dehors du périphérique. D’autant qu’il y a bel et bien un marché. Économique j’entends.

Les statistiques sur la dynamique des marchés locatifs de bureau sont à ce titre très instructives sur cette nouvelle forme de déconcentration économique. La demande placée de bureaux a explosé dans les grandes métropoles régionales en 2021, parfois de façon spectaculaire comme à Lille (+100 %), à Nantes (+48%) ou dans la région Paca. Elle a même rebondi dans des métropoles qui font la chasse aux entreprises. On pense à Lyon qui, envers et contre ses élus locaux, signe sa troisième meilleure performance historique avec une demande placée proche des 300 000 m2.

Faut-il y voir une revanche des Girondins sur les Jacobins ? Patience. L’Île-de-France demeure l’épicentre économique du pays et le rebond de plus de 30 % de la demande placée en 2021 montre que le marché du bureau n’est peut-être pas aussi sinistré que certains l’imaginent ou le fantasment. Ce, en dépit du télétravail durablement (voire définitivement) installé dans les organisations de travail. En dépit aussi de la difficulté pour une entreprise de se projeter au long cours (ce qu’est un projet immobilier) dans un contexte de restrictions sanitaires aussi mouvantes que pénibles.

Le marché révèle même quelques paradoxes. Le premier d’entre eux étant la possibilité d’atteindre la barre des 1 000 €/m2 pour le loyer « prime » dans le quartier central des affaires de Paris. Knight Frank a recensé 36 transactions à plus de 800 €/m2 en 2021 et même 12 à plus de 900 €/m2. On se pincerait pour le croire quand on parcourt, entre deux nids de poule, les avenues vides et les rues désertes du 8e arrondissement un vendredi après-midi.

C’est pourquoi l’année 2022 sera passionnante à suivre, car les défis pour le bureau, première classe d’actifs des investisseurs institutionnels, sont nombreux : augmentation de l’offre disponible (et même suroffre dans certains secteurs), accélération de l’obsolescence, redistribution des localisations… Assurément, les conseils en immobilier d’entreprise auront du pain sur la planche.

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