Jamais la France n’aura autant connu de situations plus inédites en ce mois de mars 2022. Une sortie de crise sanitaire qu’on espère durable et définitive, un président sortant qui a tardé à se représenter, la guerre en Europe, un climat social intérieur tendu sous l’effet notamment d’une inflation des prix… Les uns après les autres, les feux virent au rouge. Et pourtant, sur le font économique, les chiffres du chômage n’ont jamais été aussi bas, les entreprises peinent à recruter, les investissements sont repartis à la hausse et le CAC 40 affiche une irrésistible progression.
L’industrie immobilière ne fait ni mieux ni moins bien que les autres filières industrielles. Plombée par une crise du logement dont on ne voit ni l’issue ni la solution, cette filière n’échappe pas, elle non plus, à la contradiction. Tandis que la densité est acceptée comme une nécessité pour lutter contre l’artificialisation des sols, la majorité des Français semblent n’aspirer qu’à leur maison et leur jardin, de préférence dans une ville moyenne. Alors que le télétravail progresse partout dans les entreprises, la classe d’actifs bureau a renoué avec des volumes d’investissement dignes des grandes années. Que dire, enfin, de la déferlante du e-commerce quand personne ne souhaite raisonnablement avoir un entrepôt dans son jardin ni de camions devant son portail…
Que faut-il lire de cette situation quasi schizophrénique ? Sans doute que l’économie en général, et l’immobilier en particulier, sont à un tournant. Ce fameux shift qu’il faut absolument et rapidement prendre pour faire face aux défis de cette France qui vient. Le premier d’entre eux, la neutralité carbone qui vient percuter le légitime besoin de produire plus, beaucoup plus de logements.
Pour relever ces challenges, l’immobilier – tout l’immobilier – ne manque pas d’idées. Il suffit de lire dans ce dossier spécial présidentielles les solutions avancées par les principales fédérations professionnelles d’une industrie qui pèse 11 % du PIB et 2,3 millions d’emplois pour s’en convaincre. Décarbonation des patrimoines, nouveau contrat logement, politique fiscale audacieuse, mais stable, sobriété foncière… Et si les (trop) nombreux candidats – déclarés ou pas – écoutaient pour une fois les solides propositions des spécialistes du secteur ? Chiche…
Édito issu du numéro 183 de Business Immo Global.
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