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Par Antoine Frey, président-directeur général, Frey

Business for good

Créée en 2006 aux États-Unis, la certification B Corp® (Benefit Corporation) est délivrée aux entreprises qui se fixent des objectifs extrafinanciers – sociaux et environnementaux – et qui répondent à des critères exigeants en matière de responsabilité et de transparence. L’esprit B Corp™ ? « Ne pas chercher à être LA meilleure entreprise du monde, mais à être UNE meilleure entreprise pour le monde ». B comme « Business », mais aussi comme « Benefit » (« Bon »). Peut-on concilier les deux « B » ?

© denisismagilov / Adobe Stock

Il est nécessaire de pouvoir accorder « Business » et « Benefit ». Il s’agit d’une stratégie citoyenne que toutes les entreprises devraient intégrer. Si elles ne le font pas, la sanction morale sera à terme beaucoup plus importante que la sanction financière.

Comment devenir une entreprise B Corp ?

« B Corp est à la fois une communauté d’acteurs engagés, un outil de mesure d’impact gratuit et accessible à tous et un label certifiant les entreprises respectant des normes. »

Sans aucun doute, B Corp est l’une des certifications les plus exigeantes au monde. En 2021, seules 4 000 entreprises étaient certifiées dans le monde, dont 160 en France. Pour obtenir ce précieux sésame, il faut passer sous le crible d’environ 200 questions sur les sujets de la transparence, du développement durable et des relations avec les différentes parties prenantes de l’entreprise (salariés, clients ou encore prestataires). À l’issue d’un examen et d’un audit très poussés, B Lab®, l’organisation non gouvernementale qui dirige le mouvement B Corp, décerne la certification aux entreprises ayant atteint a minima le score de 80 points.

Pourquoi devenir B Corp ?

Car c’est une vision très objective de l’implication de l’entreprise qui apporte une garantie indiscutable du niveau de son engagement ESG pour toutes ses parties prenantes : collaborateurs, actionnaires, banquiers, fournisseurs, clients, collectivités et consommateurs. C’est également une formidable opportunité d’embarquer tout son écosystème dans une dynamique vertueuse. Et enfin, c’est un atout non négligeable pour attirer les nouveaux talents, tous ces jeunes diplômés ou jeunes actifs sensibles à ce type de démarche qui ne choisissent plus leur future entreprise qu’en fonction de son engagement.

L’action

Aujourd’hui, c’est certainement dans l’entreprise que l’action peut s’engager le plus rapidement et le plus efficacement pour répondre aux enjeux auxquels nous faisons tous face. En effet, l’action politique, qu’elle soit nationale ou locale, est de plus en plus empêtrée dans une complexité qu’elle a elle-même fabriquée. La gouvernance des entreprises, même si elle reste bien évidemment démocratique, y est plus agile, permettant aux dirigeantes et dirigeants de décider et servir non seulement les intérêts de leurs actionnaires, mais aussi d’agir dans le sens de l’intérêt collectif tout en restant en cohérence avec leurs activités économiques. Notre métier est de concevoir, développer et gérer des biens immobiliers qui sont le cadre de vie des gens. Nous avons donc un terrain d’expression suffisamment large pour être véritablement dans l’action.

Une action pragmatique : il ne doit pas s’agir d’une quête de l’absolu teintée d’un militantisme punitif, mais au contraire, d’un militantisme fondé sur une simple volonté de progrès.

La mission

La performance purement financière n’est plus suffisante pour motiver les équipes et répondre aux attentes de la société. Néanmoins, dans un exercice de lucidité, il faut évidemment que l’entreprise reste une source de profits. Il est devenu absolument indispensable de réunir les femmes et les hommes d’une entreprise autour d’autres objectifs plus ambitieux et qui leur tiennent plus intimement à cœur. « L’entreprise à mission » est un cadre de réflexion et d’orientation. C’est bien autour de l’activité de l’entreprise que se bâtit la mission. Cette dernière doit bien entendu être corrélée au modèle économique de l’entreprise et ne pas aller à son encontre.

Attention à cette quête de l’absolu qui pourrait pousser certains à en faire trop face aux critiques des sceptiques. Il s’agit bien de trouver une forme d’équilibre : ne pas faire la promesse de trop ou prendre le risque d’être jusqu’au-boutiste, ce qui décrédibiliserait à n’en pas douter la démarche engagée.

À un horizon – qui n’est pas si lointain que cela – on ne se demandera même plus quel était l’intérêt à agir. Il n’est pas certain que l’immobilier soit l’industrie qui ait pris le plus de risques ces dernières décennies. Mais il n’y a pas de fatalisme à voir de l’immobilisme dans l’immobilier et il n’est jamais trop tard pour bien faire. Se réinventer est vital pour l’entreprise, quel que soit son secteur d’activités. C’est une question de survie.


Article issu du numéro 183 de Business Immo Global.

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