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PLU ou PLU du tout ?

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Emmanuel Grégoire a présenté les premières esquisses de la révision du plan local d’urbanisme (PLU) parisien ce vendredi matin au Pavillon de l’Arsenal. Le premier adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme est venu tester auprès des professionnels immobiliers son dispositif novateur des externalités positives qui conditionne l’obtention du permis de construire à un impératif de surperformance. Le mécanisme est construit autour de trois thématiques intégrant chacune trois critères et promu au travers d’un label maison – Urbascore – dont l’objectif in fine est de faire mieux accepter (ou accepter tout court) les projets immobiliers dans la capitale.

Le dispositif des externalités positives, un peu abscons de prime abord pour le commun des mortels, vise à répondre à des enjeux profonds et parfois contradictoires dans le développement urbain d’une grande métropole. À l’exemple de la mixité sociale. Pour retrouver un équilibre et lutter contre la gentrification de la capitale, la mairie de Paris envisage de renforcer les servitudes de mixité sociale et met à l’étude la création d’une zone d’hyper déficit. En clair, la stratégie impulsée par Ian Brossat de mettre du logement social dans les quartiers bourgeois va se poursuivre et s’accélérer.

À cette mixité sociale, s’ajoute la mixité fonctionnelle qui pose, une nouvelle fois, le débat entre bureau et logement. La proposition de révision du PLU tranche clairement en faveur du second, supprimant l’actuel potentiel d’extension de 10% des surfaces d’activités économiques et créant des secteurs « de développement de l’habitat » dans les quartiers centraux. Clairement, la mairie de Paris entend couper le robinet de production du bureau, ce qui ne va pas manquer d’alimenter la tension actuelle du marché dans l’hypercentre de la capitale.

La priorité sera le logement, dont il faut produire 6 700 unités par an pour maintenir la population d’ici 2030. Et si la mairie de Paris veut atteindre son objectif de 30 % de logements sociaux, il faudra produire près de 10 000 nouveaux logements par an. Tout ne pourra se faire par la construction faute de réserves foncières – « nous sommes dans un PLU de dentelle » assume Emmanuel Grégoire – mais le premier adjoint se montre clairement volontariste en la matière. Si ce n’est pas la construction neuve, c’est par la réhabilitation et la densification du bâti existant qu’il entend relever le défi, réaffirmant que le nouveau PLU se veut « facilitateur » et « incitatif » pour les promoteurs. Dans les premières propositions formulées, on retrouve l’autorisation d’un niveau supplémentaire pour les surélévations d’habitations.

Un PLU est par essence une motion de synthèse. Celui que prépare la Ville de Paris devra gérer ces paradoxes et ses contradictions. Une densification rendue nécessaire par la dynamique démographique sans dénaturer le caractère patrimonial de la capitale. Un rééquilibrage entre le bureau et le logement sans nuire à l’attractivité du territoire. Une plus saine mixité sociale sans faire fuir les investisseurs. Une transition environnementale à réussir sans mettre la ville sous cloche.

La mission s’annonce délicate. D’autant que le premier écueil sera de rassembler une majorité municipale hétéroclite avant d’aller convaincre les administrés. Les professionnels immobiliers ne craignent qu’une chose : rester dans la salle d’attente le temps de trouver un accord ferme et définitif.

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