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Construire envers et contre tout

© Romolo Tavani - Adobe Stock

Après les maires qui traînent des pieds pour signer les permis de construire. Après la politique gouvernementale qui a fait de la zéro artificialisation nette (ZAN) l’alpha et l’oméga de sa non-politique de l’aménagement du territoire. Après la stratégie de blocage des loyers déployée par de plus en plus de collectivités locales et qui finit par dégoûter l’investisseur. Après la hausse des taux d’intérêt qui obère la capacité d’achat des candidats à l’acquisition, sans compter la politique restrictive d’octroi des crédits immobiliers. Après la dégradation du climat de confiance économique qui fait exploser les désistements des clients. Voici que l’inflation, plus particulièrement celle des coûts de construction, s’invite à l’agenda des promoteurs. Au point de poser la truelle et d’abandonner des projets ayant obtenu leur permis de construire.

Les chiffres donnés par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) illustrent la poursuite d’une « annus horribilis » pour le secteur qui avait commencé bien avant les municipales de 2020. De tous les indicateurs, seul celui des prix continue d’augmenter, traduisant avant tout un déséquilibre – voire même un gouffre – entre une demande qui ne faiblit pas et une offre qui ne décolle pas. La France paye cash des années de malthusianisme dans la production de logements.

Il ne s’agit pas ici de plaindre les promoteurs, mais de s’interroger sur la responsabilité des politiques au cours de ces dernières décennies. La remise en cause quasi permanente des projets d’aménagement initiés au prétexte non avouable que les équilibres politiciens de telle ou telle municipalité ont changé en cours de route, revient à trahir le contrat de confiance entre le public et le privé.

Si l’on veut réellement engager la transition environnementale, il faut repenser le rapport entre le politique et l’industrie immobilière et quitter le climat de défiance qui s’est instauré. À commencer par accepter de mener les projets à leur terme, quand bien même ils déplaisent aux voisins. Cela revient à redonner du sens au collectif plutôt que de servir des intérêts particuliers.

Dans sa politique de l’offre, Emmanuel Macron a malheureusement oublié une composante essentielle de l’économie française, celle de l’immobilier. L’urgence amène l’exécutif à multiplier les sparadraps pour tenter de maîtriser le virus de l’inflation. Le projet de loi sur le pouvoir d’achat et son « bouclier immobilier » qui consiste à plafonner les hausses de loyers en est l’expression. Sauf que ce n’est pas d’un bouclier dont ont besoin les Français, mais d’un toit.

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