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Extension du domaine du luxe

Logements à Paris

Le timing est toujours clé dans l’immobilier. Le réseau d’agences Daniel Féau a choisi la semaine où d’aucun dénonce publiquement les milliardaires en France pour présenter son analyse du marché de l’immobilier de prestige parisien. Et cocorico. Bernard Arnault, la première fortune mondiale si l’on en croit le classement Forbes, sera bien entouré tant le luxe se porte bien dans la capitale.

L’immobilier de prestige semble immunisé du contexte géopolitique et économique. Il ne souffre ni des conséquences de la guerre en Ukraine, ni de la remontée brutale des taux d’intérêt, ni même des menaces de récession économique qui planent sur l’année 2023. Les chiffres du premier réseau d’agences dans l’immobilier haut de gamme parisien montrent une solide progression des volumes de ventes, tout particulièrement sur le segment des biens de plus de 3 M€, et une demande qui ne faiblit pas, ayant quasiment doublé par rapport à 2019. C’est plus de 20 000 nouveaux prospects que le réseau Daniel Féau a identifié en 2022.

Comment expliquer cet engouement pour la capitale ? La rareté, tout simplement. Paris est une ville où l’on ne construit plus, dont le parc immobilier dans les beaux quartiers est figé. Et la rareté a un prix. Celui des transactions moyenne chez Féau dépasse les 17 000 €/m2, en progression constante depuis 2019, quand les notaires notent un tassement du prix moyen dans la capitale à 10 630 €/m2. Dès lors que vous ajoutez un espace extérieur (terrasse ou jardin), le prix moyen au mètre carré monte de 25 %. Si vous recherchez une grande superficie, il faudra accepter une surcote moyenne de 32 %.

Si une clientèle nationale et internationale peut s’offrir cette rareté, il n’en va pas de même pour le commun des mortels. Et pourtant, tout est fait depuis des années pour entretenir cette pénurie. Souvent avec de bonnes intentions au départ. Entre les nouvelles normes environnementales qui vont retirer du marché les passoires énergétiques, la volonté de plafonner les loyers, l’acharnement fiscal et constant sur l’immobilier… l’investisseur immobilier a pris la poudre d’escampette. L’institutionnel aura toujours moins de risque sur l’OAT 10 ans français ou le Bund allemand que sur un immeuble pastillé des beaux quartiers. Le particulier pourra retrouver les vertus du livret A qui va lui rapporter 3 % à partir de février, rendement inespéré dans l’immobilier résidentiel parisien.

Une tribune signée Robin Rivaton et Vincent Pavanello parue cette semaine dans Les Échos pointe avec justesse le choc d’offre raté par le gouvernement. Au terme d’un raisonnement qui déconstruit tout autant le mythe des 500 000 logements à produire chaque année en France que les 200 000 avancés par la cheffe économiste de Bercy, les deux spécialistes estiment les besoins en logement de la population francilienne à 7 millions d’unités d’ici 2030. Le stock est aujourd’hui de… 5,9 millions. Multipliez par les dix plus grandes métropoles régionales et vous aurez peu ou prou l’équation à laquelle doit s’atteler le CNR Logement. Dès à présent, car nous n’avons plus le luxe d’attendre.

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