Business Immo, le site de l'industrie immobilière

Logement : l’union sacrée

Vers l'union sacrée ? © Adobe Stock

Le logement devrait être une grande cause nationale, lit-on un peu partout dans les journaux, entend-on sur les plateaux TV ou dans les matinales de radio. Non, le logement EST une grande cause nationale. De toute part, on alerte sur la crise à venir du logement, la bombe sociale qu’elle représente. La pression est telle que l’exécutif consent enfin à se pencher sur la question. Le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, présentera mardi 9 mai les réponses du gouvernement aux trois groupes de travail du CNR Logement que le président de la République Emmanuel Macron avait lui-même initiés (après avoir oublié la thématique du logement dans la première feuille de route). 

Dans les faits, la crise n’est pas devant nous, elle est bien là. Il faudrait être sourd pour ne pas l’entendre. Être aveugle pour ne pas la voir. Et surtout être égoïste pour refuser d’attaquer le mal à sa racine.  

La question du logement reste dominée par un problème d’adéquation de l’offre à la demande. La flambée des prix ces deux dernières décennies reflète avant tout un appétit insatiable des Français pour la pierre rendu possible pour certains par l’effondrement des taux d’intérêt. Cette fenêtre s’est refermée. Brutalement d’ailleurs. Au point de bloquer un peu plus le marché. 

Pour le dégripper et réintroduire la notion de parcours résidentiel dans la vie des Français, il faut attaquer dès à présent un chantier dont on sait que la livraison ne coïncidera jamais avec un calendrier électoral, national comme local. Celui de produire plus que de bâtir des logements. Le glissement sémantique, apporté par le groupe de travail du CNR copiloté par Catherine Sabbah et Mickaël Nogal, est très juste et pertinent. 

Où produire ? Là où veulent vivre les gens, et pas forcément là où l’on veut qu’ils habitent, travaillent ou consomment. Soyons honnêtes, tout le monde ne sera pas servi. Mais si l’on partait de la demande plutôt que de l’offre, on éviterait un certain nombre d’aberrations urbaines. 

Pour qui ? Pour tous, et pas seulement ses électeurs. Cette classe moyenne – le ventre mou de la société française – que l’on peine à mettre dans une case se retrouve prise au dépourvu, coincée entre le logement social auquel elle n’a pas droit et le logement privé qu’elle ne peut se payer. Ce chaînon manquant qu’est le logement intermédiaire serait un terreau de placement fécond pour des ménages en quête de complément de retraite. 

Comment produire plus et surtout mieux ? En travaillant sur tous les leviers. Celui des usages, en introduisant le principe de réversibilité dans le Code de l’urbanisme si l’on veut prétendre recycler les immeubles et refaire la ville sur la ville à moindre bilan carbone. Celui de la densification, en rendant les PLU opposables si l’on veut raisonnablement atteindre le zéro artificialisation nette des terrains. Celui de l’explication, en réconciliant les Français (et leurs représentants élus) avec l’acte de bâtir. 

À quel prix ? C’est au politique de prendre ses responsabilités. À lui de décider d’agir sur le prix du foncier qu’il contrôle (20 à 50 % du prix de revient d’une opération) plutôt que de s’émouvoir de la marge du promoteur (entre 6 et 8 %) ou de dénoncer l’avidité de l’investisseur. À lui de remettre à plat la fiscalité pour faire de l’immobilier en général, et du logement en particulier, un investissement structurel pour les territoires, plus qu’une vache à lait. N’oublions pas que la non-politique du logement en France rapporte chaque année plus de 40 Mds€. 

Le CNR se présente comme un ultime avertissement. Le temps du constat et des propositions est fini. Celui de l’union sacrée et de l’action a sonné. S’il n’est pas trop tard. 

Business Immo