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Question de sémantique

Crise du logement © Adobe Stock

Lundi dernier, six fédérations professionnelles de la construction et de l’immobilier, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur du logement, se sont fendues d’une page de publicité dans le quotidien le plus populaire – Le Parisien – pour alerter le président de la République sur les « atermoiements » de l’exécutif quant à sa politique du logement. Profondément agacées par le report au 5 juin du rendez-vous de restitution du volet Logement du Conseil national de la refondation (CNR), elles appellent Emmanuel Macron à un « électrochoc ».   

La sémantique n’est pas innocente. En parlant d’électrochoc, les professionnels répondent avec une certaine ironie au choc d’offre promis par l’exécutif lors du premier quinquennat et le double choc évoqué par le président de la République dans son interview au magazine Challenges.  

Mais reprenons la définition d’électrochoc donnée par le Larousse : « Méthode de traitement des dépressions graves et de certaines psychoses, qui consiste à provoquer des convulsions épileptiques par le passage bref de courant à travers le cerveau » 

« Dépressions graves ». C’est ce que traverse aujourd’hui le secteur du logement. Une « crise parfaite » pour reprendre l’analyse d’Éric Lombard, le directeur général de la CDC. La hausse brutale des taux d’intérêt a mangé toute ou partie du pouvoir d’achat des ménages et absorbé le rendement escompté des investisseurs. Le marché s’est naturellement bloqué le temps que les prix se réajustent à cette nouvelle donne.  Résultats : une chute de plus de 40 % des volumes de ventes dans le neuf depuis le début de l’année, la disparition de près d’un investisseur sur deux, la débandade des investisseurs institutionnels du résidentiel (-83 % sur le 1er trimestre). 

« Psychoses ». Où, pour reprendre la définition du Larousse, l’« altération globale de la personnalité bouleversant les rapports du sujet avec la réalité ». Ce qui pourrait résumer la vision d’Emmanuel Macron sur l’immobilier en général, et le logement en particulier. Car pour toute réponse, le président de la République a renvoyé les professionnels à une « conférence des parties » alors que s’achèvent quatre mois de concertation dans le cadre du CNR Logement. Il dénonce le paradis des investisseurs immobiliers, tout en oubliant celui de Bercy qui reste largement bénéficiaire dans l’immobilier. Il prévient qu’il n’y aura pas de réforme structurelle quand il déclare dans Challenges : « On ne peut tout attendre de la réforme gouvernementale. » 

À quelques sparadraps près, il ne faudra pas attendre de solution miracle le 5 juin. La seule voie qui semble s’ouvrir pour réanimer le marché est celle d’une baisse sensible et durable des prix de l’immobilier. À commencer par l’amont, celui du foncier. L’équation, au-delà d’être complexe, sera douloureuse pour certains. 

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