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Sauver le soldat La Défense

Une vue sur Paris La Défense © Thomas Bekker/CoStar

D’ordinaire, lorsque l’on convoque les États généraux, c’est que la situation est grave. Elle l’est assurément dans le quartier de La Défense, qui vient de rendre public son plan de transformation des tours issu d’un an de réflexion entre 800 professionnels.

La Défense souffre de tous les maux en ce moment. Sur le plan immobilier, le quartier d’affaires subit un violent effet de ciseaux, entre l’arrivée d’une offre tertiaire très abondante et des entreprises qui entament un chemin inverse vers la réduction de leurs surfaces de bureaux. Le choc est violent sur les loyers, économiques s’entend, puisque facialement, on maintient des valeurs en totale déconnexion avec la réalité du marché. Les rumeurs bruissent sur des franchises de loyers allant jusqu’à 40 mois pour des baux de neuf ans ferme. Les bailleurs déroulent le tapis rouge (« couvert de pétales de roses ») pour accueillir de nouvelles entreprises qui viennent compenser les velléités de départ de quelques utilisateurs historiques. Mazars, EY, en sont les derniers exemples significatifs.

Le phénomène n’est pas propre au quartier d’affaires parisien. À Londres, le départ d’HSBC de Canary Wharf après 20 ans de présence pour la City manifeste ce double désir de réduction de l’empreinte immobilière et de recentralisation. Ce n’est pas tant une tour que l’on quitte, mais un quartier perçu comme monofonctionnel.

Toutes les parties prenantes de La Défense – établissement public en tête – en ont parfaitement conscience. L’une des propositions phares du plan de transformation est d’ouvrir les socles des tours, mais aussi les rooftops. Une porosité avec l’environnement urbain qui ne passera pas sans un assouplissement du PLU et surtout une autre approche financière. Ici, sous la forme d’une foncière commerciale pilotée par l’EPA.

Autre enjeu capital pour ce territoire : la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Paris La Défense fait son aggiornamento environnemental dans un momentum de marché défavorable. Tous ceux qui espèrent procrastiner dans la rénovation ou restructuration de leurs actifs seront Gros-Jean comme devant. De même, espérer un coup de pouce fiscal pour accélérer le mouvement de rénovation des tours ou simplement respecter le calendrier fixé par la Stratégie nationale bas carbone risque d’être illusoire par les temps qui courent. Plus personne ne croit au « quoiqu’il en coûte » de la rénovation énergétique. En tout cas pour La Défense, où nombreux sont ceux qui estiment que les propriétaires (bailleurs comme utilisateurs) doivent assumer seuls la facture de la décarbonation.

Après avoir été la vitrine économique de la France, La Défense se présente comme le laboratoire de la ville de demain sur lequel il faut investir dans une logique R&D. La R&D, c’est certes de l’investissement financier, mais c’est aussi de l’agilité. Permis sans destination, refonte des outils urbanistiques, rapprochement des réglementations environnementales et incendie des IGH…

Il n’y aura peut-être pas besoin d’étêter quelques tours. Après tout, les États généraux ne sont pas toujours obligés de se terminer par une période de terreur.

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