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L'après Lehman

© Adobe Stock/Emanuel Corso

Il y a 15 ans s’effondrait Lehman Brothers, point de départ de la plus grande crise financière depuis celle de 1929. La faillite de la banque d’affaires était la conséquence de la crise des subprimes, commencée un an plus tôt et qui tire ses racines de l’explosion de la bulle immobilière aux États-Unis. Pas un expert n’avait imaginé à l’époque l’effet domino de cette crise ni sa vitesse de propagation.

Paradoxalement, une fois passé le moment de sidération, l’immobilier a repris sa croissance vertigineuse, profitant à plein régime de la politique accommodante des banques centrales, autant par la baisse des taux que par l’afflux de liquidités. Un argent tellement abondant et peu cher qu’il a accéléré la déconnexion entre la performance des actifs immobiliers et la réalité économique. En particulier en Europe, entrée depuis quelques années dans un cycle de faible croissance économique.

C’est aujourd’hui cette fenêtre qui s’est refermée brutalement sur les doigts des acteurs immobiliers, avec une rapidité jamais vue et encore moins imaginée par les experts. Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a porté cette semaine ses taux d’intérêt à 4 %, son plus haut historique depuis la naissance de l’euro, que certains observateurs espèrent voir comme un pic, mais que la plupart considèrent comme un palier. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, s’est contentée de déclarer que « les taux directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, s’ils sont maintenus pendant une période suffisamment longue, contribueront de manière substantielle au retour en temps voulu de l’inflation à l’objectif fixé ».

Dans la foulée, la Banque centrale européenne a revu à la baisse ses prévisions de croissance. Idem pour le gouvernement français qui a abaissé sa prévision de croissance de 1,6 à 1,4 % pour 2024. Le véritable risque est de basculer dans une stagflation, un scénario mortel pour l’investissement immobilier. D’autant plus que la filière est à l’aube de son plus grand défi : la lutte contre le réchauffement climatique, qui passera par la décarbonation accélérée de ses actifs. C’est peut-être plus qu’un changement de cycle auquel nous assistons. Un changement de paradigme.

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