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Aux larmes, citoyens

© Adobe Stock/Vasilii

Non, il ne s’agit pas ici de ruminer la défaite du XV de France (quand bien même la douleur est tenace). Mais bel et bien de se pencher sur un pan de l’immobilier qui, lui aussi, a complètement basculé : le logement.

Le marché est à l’arrêt. Dans le neuf, les promoteurs s’accrochent aux deux seuls acheteurs identifiés, CDC Habitat et Action logement. Ces derniers font les prix, imposant des décotes de 15 à 20 %, parfois jusqu’à 40 %, sans pour autant manifester une volonté de tordre le bras des opérateurs. En tout cas, tel est le discours qu’ils tiennent. Et rares sont les promoteurs qui grognent en public… surtout devant un journaliste.

Dans l’ancien, les volumes de transactions chutent, phase classique qui précède une baisse des prix. Celle-ci est enclenchée, mais tarde à se concrétiser. Les vendeurs font de la résistance. C’est donc un ajustement lent et pénible qui se profile à l’horizon.

La situation ne semble pas émouvoir outre mesure l’exécutif. Le gouvernement déroule son projet de loi de Finances pour 2024 qui fait du logement l’une des premières poches d’économie budgétaire et de l’immobilier une ressource fiscale toujours aussi précieuse.

En dépit de l’imagination guidée des députés, le gouvernement n’a retenu que quelques amendements intéressant les propriétaires immobiliers. Il a raboté l’avantage fiscal dont bénéficient les propriétaires qui louent des locaux meublés de tourisme classés. Il a repris deux amendements déposés par des députés Modem et par Jean-René Cazeneuve (Renaissance) qui ouvrent l'abattement applicable aux plus-values aux terrains cédés en zones tendues et destinés à accueillir, sous quatre ans, un ou plusieurs bâtiments d'habitation collectifs. Le taux variera selon le quota de logements sociaux ou abordables prévus dans le programme.

Il a, en revanche, écarté l’idée d’une flat tax immobilière et reporté à l’année prochaine l’examen du statut fiscal du bailleur privé qui pourrait relancer l’intérêt des investisseurs pour la pierre. Tout juste a-t-il consenti une petite ouverture en élargissant le prêt à taux zéro. Mais une fois encore, le gouvernement répond à la crise du logement par une mesure de soutien de la demande plutôt que de déployer une politique de l’offre.

Dans une interview aux Échos, Benoist Apparu, l’ancien ministre du Logement et président d’Emerige, a parfaitement résumé la situation : « Le gouvernement ne veut plus mettre d'argent dans le secteur du logement (…), il faut donc imaginer des mesures qui ne coûtent rien. » Il faudrait aussi que l’Élysée et Matignon ne fassent plus la sourde oreille. Juste pour éviter que l’on passe de « la crise aux drames », comme le craint Jacques Ehrmann.

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