Ça tombe comme à Gravelotte. Le pire, c’est que ce n’est pas vraiment une surprise. Les chiffres sur les défaillances d’entreprises en 2023 révélés par le cabinet Altares montrent que l’on a définitivement tourné la page du « quoi qu’il en coûte » et que les entreprises zombies depuis la crise sanitaire tombent les unes après les autres. Surtout, les entreprises du secteur de la construction et de l’immobilier payent un lourd tribut au retournement brutal de conjoncture.
Quelques chiffres pour mesurer l’étendue des dégâts. Le nombre d’entreprises en procédure de sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire explose de 36 % en 2023 par rapport à 2022. Le 4e trimestre 2023 a vu le nombre de procédures s’accélérer, retrouvant des niveaux de faillite inédit depuis 2012 et comparable aux seuils de 1992 et 1993 marquées par une sévère récession économique.
Dans l’immobilier, on compte plus de 2 400 défaillances l’an passé, en particulier chez les agents immobiliers où plus de 900 sociétés ont disparu (+116 %), les constructeurs de maisons individuelles (874 défaillances) et les promoteurs (280 faillites).
L’année qui s’ouvre devrait encore accélérer le niveau de défaillances. La Fnaim anticipe la fermeture de 1 400 agences immobilières. La FPI avance le chiffre de quelque 300 000 emplois supprimés d’ici à 2025 dans la filière du logement, dont une moitié dans les professions connexes au bâtiment (promoteurs, architectes, assureurs…). Les promoteurs serrent les rangs, mais se préparent à se séparer de nombreux collaborateurs. Vinci Immobilier est le premier des grands promoteurs à lancer un plan social. On se doute qu’il ne sera pas le seul.
Au-delà du constat qui montre que la stratégie des banques centrales de remonter brutalement les taux d’intérêt pour freiner l’économie fonctionne, ce qui est frappant est l’apathie de l’exécutif. La question du logement, cruciale à l’heure où l’on prétend réarmer le pouvoir économique de son pays, a été balayée d’un revers lors de la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Tout juste nous promet-on un énième choc de simplification dont on devine déjà le résultat final.
En attendant, la main invisible du marché va faire son œuvre. Et elle va frapper fortement la filière de l’industrie immobilière, un secteur qui pèse plus de 10 % du PIB.
