Lundi, de bon matin, l’IFPImm planche sur un sujet qui ne devrait pas faire débat. Et pourtant. « L’immobilier de production : acteur du réarmement économique ? ». On serait tenté de retirer le point d’interrogation, car l’immobilier sera l’un des outils nécessaires pour réussir le pari de la réindustrialisation de la France.
À condition de…
…gérer quelques injonctions contradictoires, à commencer par l’objectif de Zéro artificialisation nette des sols. L’exécutif s’est rendu compte qu’il ne pouvait offrir d’une main ce qu’il retire de l’autre. Aussi a-t-il sanctuarisé une poignée de sites clés en main sur les 22 000 ha de foncier identifiés par le préfet Rollon Mouchel-Blaisot pour assurer la réindustrialisation du pays à l’horizon 2030.
…simplifier les normes, et peut-être surtout d’en harmoniser leurs interprétations au sein même des services instructeurs. Ce choc de simplification, que l’on nous promet depuis Pompidou, doit permettre d’accélérer le processus de réalisation des projets. L’immobilier est devenu un temps trop long pour coller aux stratégies des entreprises.
…s’affranchir des petits jeux politiques qui viennent polluer les projets. On a tous en mémoire l’usine Le Duff qui ne se fera pas en Bretagne au motif que deux ou trois riverains un peu influents craignaient d’être dérangés dans leur paisible quotidien par le bruit et les odeurs. Un investissement de 250 M€ parti… ailleurs !
…produire du logement si jamais les usines de demain génèrent des emplois. Par extension, relocaliser des activités économiques en France, à l’heure où le pays traîne son déficit commercial comme un boulet, ne pourra s’entendre que si on l’accompagne d’une véritable politique du logement. Le coup de gueule du président du Medef au Mipim est assez symptomatique de l’erreur stratégique du président de la République sur la question du logement.
Réarmer économiquement le pays – puisque cela semble être le thème de l’année – dans un contexte budgétaire dégradé (pour ne pas dire catastrophique), suppose de changer de focale concernant l’immobilier et d’arrêter de le cantonner à une économie de la rente.
Cela passera aussi par un nouveau rapport de confiance entre les pouvoirs publics et les acteurs privés. La Caisse des dépôts pourrait être cette huile qui manque dans les rouages entre les acteurs politiques et économiques plutôt que d’être le pompier de service chargé d’éteindre l’incendie que son actionnaire a allumé.
