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À hue et... Adia

La révélation par Business Immo du départ de Pascal Duhamel de la direction générale de Carrefour Property en plein Mapic a été l’événement dans l’événement. L’autre surprise, c’est la destination qu’a choisie cet ancien de Morgan Stanley : Adia, l’un des fonds souverains les plus discrets, mais les plus puissants.

Pour Carrefour, le départ précipité de Pascal Duhamel sonne comme une nouvelle désillusion. Le projet de cotation de sa foncière, repoussée aux calendes grecques après la fronde de certains actionnaires et le peu d’emballement des analystes financiers, semble maintenant bel et bien enterré. La Bérézina à la Bourse de Paris, où le titre Carrefour est l’un des plus chahutés depuis le début de l’année, ne plaide pas en faveur d’un spin-off, si malin soit-il. D’ailleurs, on peut se demander légitimement si Carrefour a encore intérêt à se séparer d’une partie de ses murs, l’un de ses derniers actifs tangibles en période de doutes sur son business model.

L’immobilier, actif maudit par excellence pour Carrefour. Le groupe n’a jamais réellement su gérer le tas d’or sur lequel il est assis depuis un demi-siècle, laissant notamment filer le potentiel de création de valeur de ses galeries marchandes chez Klépierre au début des années 2000. La création de Carrefour Property visait à structurer une équipe de professionnels pour reconquérir cette richesse abandonnée en bord de route. Sur le plan opérationnel, la mayonnaise commence à prendre, avec les livraisons des premières opérations. Mais les atermoiements au plus haut niveau, donnant le sentiment même d’une certaine contradiction dans la définition de la stratégie immobilière du distributeur, ont eu raison d’une monétisation en Bourse de cette politique. Au grand désespoir de l’un des principaux actionnaires, Colony, dont la première raison d’investir dans Carrefour était – et reste ? - d’extérioriser la valeur des murs. Aujourd’hui, sur le plan financier, le timing est devenu tout simplement impossible.

L’arrivée de Pascal Duhamel chez Adia, en charge des investissements immobiliers en Europe du fonds souverain d’Abu Dhabi, confirme également le basculement du marché vers de nouveaux acteurs. Son parcours professionnel peut même être un fil rouge de l’industrie immobilière. Dix ans chez Morgan Stanley au sortir des années 90 et de la grande crise immobilière. Les années où les fameux « fonds vautours » ont mis la main sur le marché immobilier français. Quatre ans à la tête d’une foncière dédiée au commerce, cette classe d’actifs devenue la martingale de la dernière décennie, qui a propulsé quelques pure-players hexagonaux en tête des grandes foncières continentales. Et maintenant chez un fonds souverain, ces nouveaux rois d’un secteur économique en panne de levier bancaire. La dette semble être une espèce en voie de disparition. Les equity players accélèrent leur revanche. Nous sommes entrés dans un temps où le marché va tirer à hue et à dia. Au sens premier du terme. Et sauf surprise, il devrait aller… à hue, à droite pour les non-initiés, c’est-à-dire vers l’Est.

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