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Point de vue de Philippe Taboret, Capfi

Dégradation de la France : quelles conséquences pour les candidats à l'accession ?

On avait un peu oublié le risque que la France voie sa note souveraine abaissée. Certes, la lecture par les agences de notation de l'état de notre pays avait fait l'objet de débats vigoureux au cours de la campagne électorale : une première agence internationale, Standard and Poor’s, avait considéré dès janvier de cette année que nos finances publiques étaient trop dégradées pour que nous restions au plus haut rang dans l'estime des investisseurs, alors que Nicolas Sarkozy était encore l'hôte de l'Élysée. La menace d'une confirmation de cette mauvaise nouvelle était probable, et en tout Cafpi l'avait considérée comme inéluctable.

La confirmation est là. La question pendante est celle des conséquences très pratiques sur l'économie réelle et entre tous les secteurs, celui de l'immobilier est le plus concerné. La raison en est simple : 9 acquisitions sur 10 se font à crédit, et la crainte d'un enchérissement du coût de l'argent pour les accédants à la propriété et les investisseurs est dans tous les esprits. Oui, il faut dire que les taux d'intérêt vont remonter, sans pouvoir préciser ni quand ni dans quelles proportions. Il n'y a pas non plus à redouter qu'ils atteignent des niveaux insupportables : au-delà de la note, comme à l'école, le commentaire compte et Moody's, qui a sanctionné la France le 19 novembre, a reconnu néanmoins les efforts engagés pour restaurer la santé financière du pays et nous restons une valeur sûre. Quant à la troisième grande agence internationale, Fitch, elle vient de maintenir à notre pays le fameux triple A, mais en l'assortissant d'une perspective négative, sur les mêmes considérations. Alors, que faire ? S'interdire d'emprunter dans les mois qui viennent ?

Il importe d'y voir clair et de ne pas mal interpréter la baisse de production de l'ordre de 30 % des crédits immobiliers, enregistrée depuis trois trimestres consécutifs : les banques n'ont pas modifié leur politique prudentielle, qui a toujours obéi en France au double impératif de soutenir les projets logement des ménages et de maîtriser le risque. En revanche, l'affaiblissement de la demande, singulièrement des familles à revenus faibles ou moyens, candidats à la primo-accession pour la plupart, est à l'origine de cette baisse d'activité : l'évolution du chômage, la crainte qu'il ne vous touche, le climat économique général ont raison de l'envie d'accéder ou d'investir chez beaucoup de Français.

Il faut s'attendre à un effet indirect vertueux : la modération des prix des logements, déjà à l'œuvre de façon évidente en région, sensible même à Paris et alentour, ne peut que s'accentuer dans ce contexte. Elle provoquera sans doute une certaine reprise d'activité mécanique dans les prochains mois.

Dans ce contexte tendu, ceux qui ont envie d'acheter doivent plus que jamais confier leur destinée d'emprunteurs à un courtier : le dialogue avec les banques et les organismes de caution, on le voit, est plus technique et complexe que jamais, et équilibrer les équations de solvabilité plus délicates que jamais en l'absence de PTZ dans l'ancien.

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