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Métropole(s) : grandeur et gouvernance

© Anatoly Maslennikov

Cette semaine s’ouvre à l’Assemblée Nationale le débat sur le projet de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles. Enième réforme de la décentralisation qui va redonner la compétence générale aux collectivités locales - à l’heure où la Cour des Comptes dénonce les doublons dans le millefeuille administratif - et tenter d’accoucher d’une dizaine de métropoles, à commencer par celle du Grand Paris torpillée dans les grandes largeurs par le Sénat.

Les discussions s’ouvrent dans un climat de cacophonie la plus complète, où chacun a sa petite idée de l’organisation territoriale. Le projet de loi de métropole du Grand Paris reprend celle d’une nouvelle intercommunalité au niveau de Paris et des trois départements de la première couronne (92, 93, 94), chère à Alexis Bachelay (PS), inspirateur du « sursaut métropolitain » et qui enrage Patrick Braouezec (FG), président de Plaine Commune, la plus ancienne intercommunalité francilienne. Patrick Devedjian (UMP) y voit l’opposition de la Capitale à la banlieue comme d’autres l’urbain au rural. Anne Hidalgo (PS) signe un texte en faveur de la métropole du Grand Paris quand son mentor Bertrand Delanoë, maire (PS) de Paris, défend les « intercos » en place. Jean-Paul Huchon, président (PS) de la Région IDF, voit dans ce projet l’occasion unique d’imposer le SDRIF (Schéma directeur régional d’Ile-de-France) à tout le monde, même si cet outil de planification urbaine en perpétuelle révision, a fait preuve de son inefficacité.

Dans ce concert de palabres - où la ministre théoriquement en charge du Grand Paris (Cécile Duflot) se distingue pour une fois par son silence - une seule idée un peu originale émerge. Celle de Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly-sur-Seine, qui prône un big bang territorial au sein de son association « Territoires en mouvement » avec une approche économique qui conduit à l’émergence de 8 pôles territoriaux. Des « Länder » à la française en quelque sorte. Tout aussi réaliste dans le constat qu’utopiste dans la chance d’y aboutir.

Et pourtant, jamais les attentes aussi bien des acteurs économiques que des citoyens n’ont été aussi fortes. En panne de croissance, la France se cherche des projets d’investissements d’avenir. L’industrie immobilière également. Se doter d’une stratégie cohérente d’aménagement du territoire, c’est construire le, voire les, prochain(s) cycle(s) immobiliers.

D’aucuns reprochaient à Nicolas Sarkozy, dans son approche du Grand Paris, d’avoir mis la charrue avant les bœufs, en affichant les projets avant de régler les problèmes de gouvernance. Force est de constater que certains « bœufs » sont devenus de vraies têtes de mules.

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