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Alur contre nature

Le projet de loi Alur vient d’entrer en discussion au Parlement. Présenté comme la grande réforme du logement de Cécile Duflot, ce (très) volumineux pavé est censé s’attaquer, aux dires mêmes de sa première ambassadrice, à l’interminable crise du logement en mettant davantage de régulation dans un secteur où règnerait la « loi de la jungle ».

Sans remettre en cause les lois fondamentales de la nature, on pourra y picorer à sa guise dans un texte pavé de bonnes intentions comme de fausses bonnes idées. Bien évidemment, chacun y trouve à redire. Les fameux lobbys professionnels, dont certains chouinent un peu gauchement sur le plafonnement de leurs honoraires. Les propriétaires-bailleurs qui voient dans la principale mesure du projet de loi – l’encadrement des loyers – un nouveau signe d’encouragement à se retirer du marché. Les associations de locataires qui feignent de ne pas voir l’effet de ciseau qui attend les ménages les plus modestes du parc privé si le système d’une régulation autour du fameux loyer médian se met en place. Bref, chacun envoie ses arguments à la figure de l’autre, avec plus ou moins de talents et de convictions, sans réellement se pencher sur les vraies causes de la crise du logement. Une distorsion flagrante entre l’offre et la demande qui aboutit à de profonds déséquilibres – dans un sens comme dans l’autre. Si l’on fait la queue dans les cages d’escaliers pour se loger à Paris, en dépit de loyers jugés prohibitifs, voir abusifs par certains, certains bailleurs sociaux mettent des annonces sur le boncoin.fr pour trouver des locataires.

En focalisant les débats autour du sempiternel rapport de force bailleur/locataire, le projet de loi Alur se trompe de cible. La priorité n’est pas tant de stigmatiser ici le vil propriétaire-bailleur ou son représentant, le professionnel immobilier, mais bel et bien de relancer la machine à construire. La France est un territoire trop vaste pour souffrir d’une quelconque pénurie foncière – sauf à pratiquer la rétention. Elle peut s’appuyer sur des champions du monde de la construction et compter sur une industrie immobilière structurée et professionnalisée. L’urgence est bel et bien de développer une offre et non de figer des rentes de situation. D’un côté ou de l’autre du bail.

Mots-clés : Alur, Cécile Duflot