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Energie et Carbone, des inconciliables ?

Le Grenelle de l’environnement privilégie les économies d’énergie. En soi c’est une évidence pour notre secteur.  Cependant, cette approche n’est pas exclusive et après Copenhague, ne faut-il pas également se poser la question du carbone?Car ce sont bien les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui pèsent sur le climat. Elles sont mesurées en équivalent carbone, le CO2 contribuant le plus à l’effet de serre par ses volumes.
Des pays comme le Danemark et la Suède mènent une politique environnementale basée sur le carbone plutôt que sur l’énergie. L’inconvénient est qu’il est difficile de faire comprendre les mécanismes liés au carbone là où l’énergie est une notion connue de tous et clairement reportable sur le portefeuille des particuliers ou des entreprises. Et puis, allez expliquer des histoires de tonnes équivalent carbone (voir glossaire) au fermier dont les vaches émettent du méthane, un puissant GES!
Le « tout énergétique » a le mérite de la clarté mais il faut le concilier avec les conséquences en matière de carbone, ce qui n’est aujourd’hui que partiellement le cas. Certes, la production d’énergie génère des GES donc diminuer nos consommations diminuera  ces émissions, en particulier pour le gaz, le charbon et tous les hydrocarbures. Mais notre pays produit et consomme également énormément d’électricité dont l’impact carbone n’est pas correctement évalué. L’électricité produite par des centrales nucléaires, solaires ou hydrauliques émet directement peu de GES, mais la construction desdites centrales en a généré beaucoup. Il faudrait donc créer une sorte de « coût global carbone » et non plus se contenter d’une simple mesure des émissions à la production.Des solutions s’esquissent : Bilan Carbone©, taxe carbone, étiquettes environnementales. Restent plusieurs questions fondamentales. Le système doit rester simple, et faire simple peut être très compliqué ! Le système doit être le même pour tous ; c’est pourquoi, notre groupe de travail préconise que le périmètre du futur bilan de gaz à effet de serre soit bien défini. Le système doit rester soutenable par les acteurs économiques car il serait impossible de respecter dans le bâtiment des plafonds de consommation énergétique et d’émission de GES trop contraignants comme ceux du rapport Bataille-Birraux de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Serge Grzybowski, Président-directeur général d’Icade et pilote du groupe de travail « Parc tertiaire privé » du Plan Bâtiment Grenelle.

Le glossaire « impertinent » du DD :
Sur la place du marché carbone, on entend les vendeurs scander des prix à la tonne équivalent carbone !Cette unité virtuelle a été créée en raison de la multiplicité des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, gaz fluorés (climatisation), etc. Afin qu’on puisse négocier le coût de ces gaz sur un marché commun, ils ont tous été convertis, de manière scientifique évidemment, en équivalent carbone. Le méthane a par exemple un pouvoir réchauffant global plus de 25 fois supérieur au CO2. Une tonne de méthane émis équivaut donc à 25 tonnes d’équivalent carbone !

Mots-clés : Icade, Serge Grzybowski
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