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Point de vue de Julien Bargeton, Mairie de Paris

"Nous préparons à Paris un budget qui défend le service public et prépare l'avenir"

Julien Bargeton, adjoint à la Maire en charge des finances, présente les orientations budgétaires de l'exécutif parisien pour 2015.

Paris prépare son budget 2015 dans un contexte inédit. L'annonce par le gouvernement de 3,7 Mds€ de baisse des dotations pour les collectivités locales se traduit pour nous par une chute de 200 M€ de ressources, à quoi s'ajouteront 70 M€ supplémentaires versés aux fonds de péréquation. Par ailleurs, nos dépenses augmenteront de façon conséquente, sous l'impact d'événements extérieurs: les dépenses de solidarité seront amenées à croître sous l'effet de la crise sociale prolongée, ainsi que les dépenses de personnel, du fait de la mise en place de la réforme gouvernementale d'aménagement des rythmes éducatifs. D'où les 400 M€ de manque-à-gagner pour 2015 (soit 6 % de nos dépenses !), évoqués par Anne Hidalgo dès l'été.
 
Dans cette période difficile, nous réaffirmons nos engagements : les taux d'imposition des Parisiens resteront stables ; l'investissement sera préservé à un niveau soutenu de 8,5 Mds€ sur la mandature ; la qualité du service public parisien sera maintenue. Plutôt que de subir une dépression économique, nous faisons ainsi le choix de continuer à investir massivement pour préparer la ville de demain, et prévoyons, en conséquence, une progression de la dette de la Ville similaire à celle de la précédente mandature. Nos marges de manœuvre nous l'autorisent ; les Parisiens en ont besoin, pour aujourd'hui et pour demain. La Ville assure des missions de proximité indispensables à leur quotidien : logements, transport public, écoles, crèches, pistes cyclables, piscines, parcs, ... Les collectivités locales étant tenues d'adopter un budget de fonctionnement en équilibre, règle d'or oblige, notre dette sert uniquement à financer des investissements d'avenir.

Paris pourra faire face à ses enjeux budgétaires parce que la Ville a été bien gérée. Le niveau de la dette par habitant reste peu élevé en comparaison des autres grandes villes de France (1600 € par habitant pour Paris contre 3600 € pour Marseille ou 1950 € pour Bordeaux). Nos taux d'emprunt - quasiment au niveau de ceux de l'Etat - sont historiquement bas, témoignage de la confiance des investisseurs dans notre gestion. Les impôts locaux à Paris restent significativement plus bas qu'en France : à Paris, la taxe d'habitation est de 464 € pour une famille avec deux enfants et la taxe foncière de 640 €, soit bien moins qu'à Marseille (1234 € pour la taxe d'habitation et 950 € pour la taxe foncière) ou qu'à Bordeaux (1166 € pour la taxe d'habitation et 1189 € pour la taxe foncière). Cela compense aussi un coût de la vie plus élevé qu'ailleurs, en particulier pour se loger. Tout au long de la mandature, Paris s'engage à maintenir son avance parmi les autres grandes collectivités en termes de gestion : les Parisiens jugeront les chiffres par eux-mêmes. Soyons à la fois combatifs et sérieux !
 
La bonne gestion doit aussi passer par des économies dans les dépenses les moins stratégiques et les moins directement utiles aux Parisiens. En assumant le choix de donner plus à ceux qui ont moins. Le fonctionnement courant de la Ville sera réduit, dans le prolongement de la démarche entreprise depuis 2001. A son arrivée, la Maire de Paris a réduit le nombre d'adjoints (de 36 à 21), le nombre de collaborateurs d'élus, les enveloppes des groupes politiques, pour une économie annuelle, loin d'être symbolique, de 5M€. Les subventions et contributions seront réexaminées en fonction de la situation de chacun des partenaires concernés (taille, trésorerie, cofinancements, efficience). Les dispositifs facultatifs et les grilles de tarifs seront réorientés vers les publics prioritaires, en tenant compte des ressources, de la composition des familles et de l'ensemble des actions menées par les différents acteurs publics (Etat, sécurité sociale...). Nous aurons ainsi pour objectif de dégager entre 130 et 180 M€, soit un montant sans précédent d'économies pour Paris.
 
Ce n'est pas de l'opposition de droite que j'attends des propositions constructives, car elle passe son temps à réclamer des coupes claires et des plans sociaux de sa main droite et dépose sans cesse des demandes de créations d'emplois publics, des lancements de nouveaux projets et des abondements de subventions de l'autre main !
 
La modernisation de la taxe de séjour, nécessaire en termes de justice comme d'efficacité, devrait permettre de dégager des ressources nouvelles ; cela nous aidera dans le financement de l'entretien de l'espace public, des transports et établissements culturels, dont les très nombreux visiteurs de notre capitale sont aussi des utilisateurs. Engagés à lutter contre la pollution et résolus à mieux réguler les usages de l'espace public, nous réformerons les droits de stationnement, dans une même logique vertueuse contribuant au financement de pistes cyclables, des mobilités électriques et aux renforts des transports collectifs. Notre ligne de conduite ne variera pas : nous aurons à cœur de préserver le pouvoir d'achat des parisiens, et d'agir en priorité dans les quartiers populaires, de préparer l'avenir de Paris.
 
Avec un budget annuel de fonctionnement de 6,5 Mds€ et d'investissement d'1,3 Mds€, l'action de Paris doit rester un soutien fort à la croissance, contribuant à créer entre 30 000 et 50 000 emplois directs et indirects par an. Les collectivités locales représentent 75 % de l'investissement public. Préserver leur rôle dans un contexte de croissance atone est indispensable. C'est bien tout le débat qui s'ouvre au Parlement autour du projet de loi de finances et auquel la majorité parisienne participera de plain-pied.

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