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[EDITO] Le grand pari de Valls pour éviter le grand pschitt

Quand on mobilise autant de ministres, 14 sans compter le premier d’entre eux Manuel Valls, il faut s’attendre à une batterie de mesures. Le comité interministériel sur le Grand Paris accouche de 51 dispositions pour « réussir ensemble le Grand Paris » - dixit le dossier de presse de 68 pages.

Qu’en retenir pour l’industrie immobilière ? D’abord que le volet des transports semble être réglé. Pour ceux qui en doutaient encore, le Grand Paris Express est sur les rails : financement sécurisé, enquêtes publiques lancées, travaux préparatoires engagées. La balle est dans le camp des tunneliers. Dont acte.

Ensuite que le logement sera au cœur de l’ambition du Grand Paris. Et pour édiles qui traineraient des pieds, le Premier ministre a été clair en confirmant le lancement d’une opération d’intérêt national multi-sites, piloté par l’AFTRP rebaptisée Grand Paris Aménagement, afin d’accélérer les projets et atteindre le fameux objectif de 70 000 logements par an. Si Matignon se défend de vouloir court-circuiter les élus locaux – « dont la place sera assurée dans la gouvernance du projet dans chaque site retenu » - la pression de l’Etat sur les maires réfractaires sera forte. La trentaine de sites sera dévoilée en septembre, mais Manuel Valls n’a pu s’empêcher d’en évoquer deux avant l’heure, dont un qui lui tient particulièrement à cœur près d’Evry autour du futur grand stade de Rugby.

La dimension économique n’est pas oubliée, loin s’en faut. Le gouvernement vient de s’apercevoir que Paris est une marque et entend en profiter pour attirer de nouvelles entreprises étrangères en Ile-de-France, mais aussi des investisseurs internationaux. Reprenant à son compte les propositions du groupe de travail de Paris Ile-de-France Capitale Economique présidé par Jean Lemierre, le comité interministériel mandate la Caisse des dépôts pour assurer la mise en place de fonds d’investissement dédiés. Et l’immobilier d’entreprise, pour une fois, n’est pas oublié dans la dynamique du projet. Considéré comme une porte d’entrée des investisseurs, le Premier ministre a annoncé le lancement d’une réforme « en profondeur » de la redevance pour création de bureau. De nouvelles grilles tarifaires, dans une « logique de simplification » seront annoncées en juin et concrétisées dans une prochaine loi de finances.

Enfin, une nouvelle dimension territoriale émerge des propositions du comité interministériel. Le Grand Paris voit plus loin – jusqu’au Havre en mobilisant 1 Md€ sur le projet de la Vallée de la Seine – mais regarde aussi à ses pieds. Manuel Valls a annoncé un réexamen du développement et de la gouvernance du quartier d’affaires de La Défense. Le préfet de région a trois mois pour rendre son rapport qui pourrait valider le projet stratégique concocté par Hugues Parant, l’actuel directeur général de l’Epadesa. On sera fixé au prochain comité interministériel prévu en octobre. Et comme en France tout est une question d’équilibre, le pendant du premier quartier d’affaires européen sera autour du corridor aéroportuaire entre Roissy et Le Bourget, avec une attention particulière pour le site de PSA à Aulnay-sous-Bois sur lequel le Premier ministre veut que l’Etat « intervienne fortement ».

Sans régler tous les problèmes, à commencer par la recherche d’une impossible gouvernance, ce comité interministériel aura eu au moins de le mérite de nous rappeler que le Grand Paris est une terre de projets. Aux acteurs publics et privés de bien les ficeler maintenant pour éviter que cette ambition ne fasse pschitt.