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[EDITO] Paris, la mal-aimée

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A défaut d’être désirable, Paris ne serait donc qu’un refuge à en croire la traditionnelle étude Emerging Trends in Real Estate publiée par l’Urban Land Institute (ULI) et PwC. La Capitale se hisse péniblement à une 22e place du classement d’attractivité des investisseurs immobiliers interrogés. Paris figure à un rang indigne d’une ville-monde, qui ne reflète ni la profondeur de l’un des tous premiers marchés tertiaires européens, ni ses perspectives de croissance future.

En fait, on reproche tout et son contraire à Paris. Son prix excessif, mais c’est avant tout celui de la rareté. Une forme d’instabilité politique (!?) qui peut-être davantage de l’incompréhension par rapport au mille-feuille territorial français. Certains vont même jusqu’à affirmer « approcher Paris avec attention » alors qu’ils reconnaissent ne jamais avoir eu de mauvaises surprises avec le marché des bureaux.

On nage en plein paradoxe. Le même qui anime des investisseurs averses au risque, mais grincheux quand il faut payer le prix de la sécurité. D’investisseurs moutonniers qui recherchent tous le même produit et râlent de ne pas le trouver dans les rayons. D’investisseurs gorgés de liquidités qui achètent malgré tout massivement du bureau dans un contexte locatif morose ou du commerce dans un environnement en pleine mutation. D’investisseurs qui voient dans Paris un point du globe sur lequel il faut planter un drapeau, ne serait-ce que dans une logique de préservation de leur capital, la fameuse valeur refuge.

Paris, la mal-aimée, est tout sauf une « no-go zone ». La région Capitale est un passage obligé pour les investisseurs immobiliers à plusieurs titres. Non seulement pour la relative sécurité des placements, mais surtout pour les projets à venir. A commencer par le Grand Paris qui, à quelques jours de l’installation de sa Métropole, est entré dans sa phase concrète. Le conseil de surveillance de la SGP (Société du Grand Paris) a validé les investissements de toute l’infrastructure de transport public, le Grand Paris Express, qui sera la colonne vertébrale de ce fantastique projet.

Le temps des tunneliers a commencé. Celui de l’immobilier arrive, peut-être plus rapidement que prévu. La CCI Paris-Île-de- France chiffre à plus de 100 Mds€ les opportunités de marché supplémentaires créées par le projet du Grand Paris pour les entreprises à l’horizon 2030, dont 53 Mds€ pour le seul logement et 14 Mds€ pour les grands projets franciliens. Très peu de métropoles de dimension mondiale offrent les mêmes promesses d’avenir.

Même les très rares investisseurs qui persistent à ne pas franchir le périphérique peuvent trouver de la matière première. Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme de la maire de Paris, fait passer en ce moment les oraux de son appel à projets « réinventer Paris », qui a mobilisé et excité toute la place immobilière. Sa première victoire est d’avoir changé le regard des acteurs économiques sur la Capitale. Une première pierre pour lutter contre l’interminable french bashing.