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Point de vue de Xavier Longin

[POINT DE VUE] Cessons de confondre logement intermédiaire et PLS

À la naissance de leur premier enfant, Marion et Adrien ont voulu quitter leur T2 pour un T3 dans leur quartier, au centre d’une grande ville française. Ils ont rapidement constaté que, malgré leur double revenu, les loyers demandés étaient trop élevés pour leur budget. Pas question pour eux d’aller chercher moins cher ailleurs, dans un environnement qui n’est pas le leur. Plutôt se serrer en attendant des jours meilleurs. D’autres dans la même situation ont préféré acheter une maison loin de la ville, là où les prix étaient abordables.

À quoi bon ? Nous avons déjà du PLS…

Dans les grandes agglomérations au marché tendu, la hausse continue des loyers libres contraint de plus en plus le parcours résidentiel des locataires du privé. Ils n’ont souvent le choix qu’entre mal-logement et éloignement subi. Une réponse à ce problème à la fois social et urbain – car il n’est pas souhaitable de voir les familles de jeunes actifs avec enfants quitter les centres-villes – existe : le logement intermédiaire. Pourtant, quand nous conseillons aux villes de le développer, nous entendons souvent ceci : “À quoi bon, nous avons déjà du PLS” ?

Le logement privé est trop cher, le logement social n’est pas pour eux

Si Marion et Adrien avaient imaginé un instant qu’un logement social en PLS pouvait répondre à leurs attentes en termes de surface et de localisation, et que leurs revenus leur y donnait droit, peut-être auraient-ils poussé la porte de l’office HLM pour déposer un dossier.

Mais même en admettant qu’ils n’aient pas de préjugé vis-à-vis du logement social, ils pensent tout simplement qu’il n’est pas fait pour eux. Les faits leur donnent d’ailleurs raison : en pratique, les logements en PLS sont rares. Et paradoxalement, les bailleurs sociaux ont parfois du mal à les louer car les ménages auxquels ils sont destinés ne font pas partie de leur clientèle habituelle.

Le logement intermédiaire peut représenter jusqu’à 20 % de la demande locative

Rappelons que le logement intermédiaire désigne le segment de marché situé entre la sphère du logement social et celle du logement privé. Il appartient à des investisseurs institutionnels (marginalement à des bailleurs sociaux) qui le louent sous condition de ressources à des prix compris entre ceux du PLS et ceux du dispositif Pinel, donc inférieurs à ceux du marché libre. Nous estimons que ce segment concerne, suivant les villes, 10 % à 20 % de la demande locative.

L’État a mis en place les conditions d’une création massive de logements intermédiaires : les fonds sont disponibles, les acteurs sont prêts : il ne reste qu’à lancer les programmes qui vont accueillir les 35 000 logements à produire en 5 ans. Il serait dommage de s’en priver.

Mots-clés : PLS, Pinel