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Point de vue de Jérôme Le Grelle, Convergences-CVL

[POINT DE VUE] Qui est responsable du trop plein de surfaces commerciales ?

Les grands équipements commerciaux, en région parisienne ou ailleurs, semblent aujourd’hui fragilisés par de véritables mouvements tectoniques. Les énormes projets qui s’annoncent ou se lancent, de Gonesse à Marseille, font craindre une saturation dont personne ne bénéficiera. N’y a-t-il donc aucun moyen de réguler la production de surfaces commerciales ?

Précisons d’emblée qu’il est assez difficile de se prononcer sur les équilibres commerciaux d’un territoire donné. Ce qui s’y joue n’est pas une question d’offre et de demande que l’on pourrait cerner par des formules mathématiques. Il faut au contraire évaluer des rapports de force entre des polarités qui ne sont pas immuables, différencier des positionnements, anticiper des phénomènes urbains, de nouvelles offres de transport, des projets concurrents, intégrer de nouveaux modes de consommation, etc. Nous sommes donc face à une matière éminemment dynamique.

Quand il est trop tard...

Du point de vue du développement territorial, cette dynamique est porteuse d’innovation, de renouvellement, d’amélioration… jusqu’à ce que les dégâts dépassent les gains. Les sites commerciaux ne sont pas aisément mutables, ils le sont même plutôt moins que d’autres fonctions urbaines. Ceux que la concurrence a laissés exsangues, ou qui n’ont pas su se renouveler, ne disparaissent pas mais tombent dans une paupérisation quasi impossible à renverser, qui se propage en tache d’huile. Combien de zones de périphéries dépassées par l’évolution des modes de vie et le recul de l’automobile faudra-t-il un jour repositionner, redimensionner, restructurer voire reconvertir vers d’autres fonctions ? La déréliction de nombre de centres-villes, dans lesquelles la vacance s’est durablement installée, n’est pas moins préoccupante.

Prévenir, guérir, ou les deux ?

Ces phénomènes interpellent directement les collectivités territoriales, même s’il est évident que très rares sont celles qui ont les moyens d’agir réellement là où il le faudrait. En matière de création d’équipements, leur participation se limite souvent à accepter (ou refuser) des projets qui se présentent comme des opportunités (ou des menaces), en y mettant des conditions. Faute d’une vision claire de ce qui se passe sur leur territoire, elles sont mal outillées pour prévenir les problèmes à venir, qu’elles vont pourtant devoir affronter en première ligne.

Qui d’autre, pourtant, que la collectivité publique peut porter un projet stratégique à fois global et dynamique :

-        Qui regarde les offres en présence à la bonne échelle territoriale

-        Qui tienne compte des évolutions dans le temps

-        Qui organise les complémentarités

-        Qui prépare en temps utile la mutation des sites existants ?

La tâche n’est pas aisée, mais les moyens suivront si la première étape est franchie : reconnaître la légitimité de la collectivité non comme organe de planification et de réglementation, mais comme stratège du développement commercial de son territoire. 

Mots-clés : Innovation
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