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Bois à Bordeaux

Souvent loué pour ses qualités écologiques, le bois de construction représente pour Bordeaux-Euratlantique une opportunité de développement économique. Gages de cette confiance envers la filière française, deux tours de bois 
de 18 étages surplomberont en 2019 la gare Bordeaux-Saint-Jean.


Le lot 8.4 du quartier Saint-Jean-Belcier, une emprise foncière de 3 727 m² à la croisée de flux piétons et de transports importants, représente pour Bordeaux-Euratlantique un site majeur dans le développement urbain de la cité girondine. Afin d’assurer sa revitalisation, l’établissement public d’aménagement a lancé en juillet 2015 un appel de projets visant la réalisation d’un ouvrage d’une structure primaire bois haute de 50 mètres, avec des droits à construire d’environ 17 000 m2.


Après avoir reçu neuf dossiers de candidature, le jury présidé par le maire Alain Juppé a couronné Hypérion, littéralement une espèce de séquoia qui émerge de la canopée, la proposition de l’équipe composée d’Eiffage ImmobilierClairsienneWoodeumJean Paul Viguier et Associés, Lamecol et Sacba. Avec 17 000 m2 de plancher, le projet évalué à 51 M€ comptera 160 logements, 4 000 m2 de bureau et 500 m2 d’espaces commerciaux. La tour de 18 étages, haute de 57 mètres, sera flanquée de deux bâtiments, respectivement R+7 et R+8. 


Bien que le noyau central de distribution et les trois premiers niveaux seront en béton, la tour aura une ossature constituée de poteaux-poutres en bois LVL (lamellé-collé) ainsi que des planches et des cloisons en bois de type CLT (cross laminated timber). Soucieux d’adopter une approche écologique, le projet mise sur plusieurs espaces verts pour améliorer la biodiversité de ce milieu urbain, notamment des jardins sur dalle et des potagers en toiture. 


Si les qualités techniques du projet étaient claires pour le jury, ce dernier a surtout été convaincu par sa vision urbanistique et sa capacité à masquer la densité de l’îlot, avance Stephan de Faÿ, directeur général de l’EPA Bordeaux-Euratlantique : « Clairement, Hypérion est celui qui la traite le mieux, en dégageant des traversées qui ont vraiment un sens d’un point de vue urbain, et en gérant une densité perçue qui est sans doute une des plus faibles de l’ensemble des projets qui étaient en compétition ».


 

" Soucieux d’adopter une approche écologique, le projet mise sur plusieurs espaces verts pour améliorer la biodiversité de ce milieu urbain "

Prise de court par le succès de son appel de projets et impressionnée par la qualité du travail présenté, l’EPA a souhaité mettre en œuvre une proposition supplémentaire. Elle a donc retenu le projet Silva, mené par une équipe composée de Kaufman&BroadArt&Build, Studio Bellecour, Techniwood, IBS, Sacba et Eloth CBE, afin d’occuper l’îlot 4.9 du Bio Min, un site adjacent où la construction d’une tour était déjà projetée. 


« C’est un projet très élégant, avec ses grands colombages en bois protégé derrière du verre, une identité très sobre mais bien écrite, explique le directeur général. La parcelle du nouveau lot est triangulaire, donc il faut refaire complètement un projet. Ils le feront dans le même esprit et nous sommes sûrs qu’ils sont capables de créer un très beau projet. »


Reprenant les principes fondamentaux du projet, la tour Silva, un édifice de 18 étages haut de 50 mètres et composée à 80 % de bois, sera la figure de proue d’un complexe à usage mixte de 17 700 m2 comptant 184 logements et offrant 700 m2 de jardins-terrasses suspendus et en pleine terre.


Les vertus écologiques de ce matériau – notamment sa capacité à séquestrer du carbone – et constructives, en particulier sa résistance au feu, ont incité Bordeaux-Euratlantique à privilégier le bois pour le redéveloppement de ses îlots. Cependant, l’EPA souhaite par cette démarche se positionner en tant que locomotive de la filière industrielle du bois de construction française. Aussi, la structure formant l’enveloppe non porteuse d’Hypérion sera réalisée avec du pin maritime, alors que le bois lamellé collé des poutres porteuses sera de l’épicéa du Limousin, labellisé PEFC.


 

" S’il y a suffisamment d’investissements économiques sur la filière en France, le surcoût qui existe par rapport à la construction en béton va disparaître progressivement et le bois 
va se démocratiser "

« Nous sommes persuadés que s’il y a suffisamment d’investissements économiques sur la filière en France, le surcoût qui existe par rapport à la construction en béton va disparaître progressivement et le bois va se démocratiser, avance Stéphan de Faÿ. Nous avons la conviction que la France a une capacité à créer de l’emploi dans ce secteur qui est très fort mais aujourd’hui largement sous-valorisé, parce qu’il reste dans la tête l’histoire des trois petits cochons, où le bois est moins solide que le béton. »


Alors que la livraison d’Hypérion est prévue fin 2018 et celle de la tour Silva l’année suivante, Bordeaux-Euratlantique s’engage à long terme en faveur du développement de la filière bois française. « La seule manière de faire en sorte que la base industrielle soit au rendez-vous, explique son directeur, c’est de donner une visibilité en matière de débouchés, donc de prendre des engagements dans ce domaine. Nous nous sommes engagés à sortir au moins 25 000 m² en bois chaque année. »

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