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Point de vue d'Aurore Vialatte, IEIF

[POINT DE VUE] Un vent d'optimisme ?

Le mois d’avril est venu confirmer le rebond du mois de mars sur les marchés financiers même si les investisseurs restent encore quelque peu attentistes dans un contexte de referendum anglais sur l’appartenance à l’Union européenne et de regain de tensions entre la Grèce et ses créanciers internationaux. Alors que les prix du pétrole étaient remontés dans l’espoir d’un accord sur le gel de la production des pays producteurs de l’OPEP à Doha, le désaccord affiché entre l’Arabie Saoudite et l’Iran a ravivé les pressions à la baisse des prix de l’or noir. Toutefois, la publication des prévisions de croissance économique mondiale de certains organismes ainsi que celle d’indicateurs économiques du 1er trimestre semblent indiquer que l’économie mondiale pourrait accélérer dans les prochains mois même si le rythme de cette accélération reste incertain.

Outre-Atlantique, la Fed a opté pour le statu quo en avril, arguant du manque de dynamisme de l’investissement américain et du commerce extérieur, mais indiquant clairement sa confiance dans le marché du travail et la consommation des ménages. C’est pourquoi, plusieurs membres de la Banque centrale américaine ont laissé entendre qu’une hausse, au mois de juin, des taux directeurs de l’Institution n’était pas à écarter. Cependant, la publication de la croissance du PIB au 1er trimestre 2016, de 0,5 % en rythme annuel (+0,6 % attendu), en nette décélération par rapport au 4e trimestre 2015 (+1,4 %), a jeté des doutes quant à une remontée possible des taux en juin, septembre paraissant plus plausible. Bien que la solidité du marché de l’emploi américain ne soit pas remise en cause, les créations de postes publiées par l’enquête ADP ont déçu avec seulement 160 000 emplois créés (contre 205 000 attendus et 208 000 au mois de mars). Le taux de chômage reste, pour autant, stable à 5 %.

Du côté de l’activité industrielle, l’évolution des indicateurs indique un ralentissement de la production (-0,9 % par rapport à mars). On notera également un indice PMI manufacturier de 50,8 en avril (51,5 en mars) et un indice ISM manufacturier de 50,8 (51,8 en mars) confirmant un manque de souffle de l’investissement industriel. Par contre, du côté de l’activité des services, les indicateurs montrent une amélioration de la conjoncture avec notamment un indice PMI des services de 52,8 (contre 52,2 en mars) et un indice ISM des services de 55,7 (54,5 en mars). Quant aux consommateurs, ils démontrent un certain optimisme comme l’illustre le rebond des ventes au détail (+1,3 % en avril après -0,3 % en mars), soit sa plus forte évolution depuis mars 2015. Les pressions à la hausse des salaires associées aux gains de pouvoir d’achat dus au faible coût des énergies portent enfin leurs fruits.

Sur le marché immobilier, les différents indicateurs sont au vert. Tandis que les permis de construire augmentent de 3,6 % à 1,12 millions d’unités en rythme annualisé en avril (contre 1,08 millions d’unités en mars), les ventes de logements surprennent et atteignent des niveaux encourageants tant dans l’ancien (5,45 millions contre 5,36 précédemment) que dans le neuf (619 000 en rythme annualisé, niveau jamais atteint depuis janvier 2008). Enfin, les mises en chantier bondissent de 6,6 % à 1,18 million d’unités (contre 1,1 million en mars). Seul le moral des promoteurs reste atone avec un indice NAHB de seulement 58 (comme en mars).

En Asie, les investisseurs estiment que la situation s’améliore même si les données publiées ne le montrent pas clairement. Au Japon, bien que la Banque centrale ait annoncé qu’elle pourrait le cas échéant renforcer ses mesures d’assouplissement monétaire, l’appréciation du Yen par rapport au Dollar américain a atteint son plus haut en 18 mois. La Banque centrale a donc opté pour le statu quo. De plus, l’ascension du Yen a conforté le recul des exportations (-10,1 % en avril en glissement annuel) alors que la demande intérieure, particulièrement centrée sur la consommation nationale, a entraîné une forte diminution des importations (-23,3 % en avril sur un an), permettant ainsi de maintenir un net excédent commercial (3,5 Mds€). La consommation des ménages japonais a donc cru de 0,5 % au 1er trimestre 2016, entraînant une croissance du PIB de 1,7 % sur un an (+0,4 % par rapport au 4e trimestre 2015). La récession n’est donc plus d’actualité.

Du côté des statistiques chinoises, la santé de l’économie reste une interrogation. Même si certains signes positifs apparaissent, les difficultés structurelles persistent. En effet, la croissance chinoise au 1er trimestre n’a été que de 1,1 % par rapport au 4e trimestre 2015, ce qui représente sa plus faible croissance depuis 2011. La production industrielle atteint également des niveaux planchers avec seulement +6 % sur un an. Les indicateurs de conjoncture confirment ces difficultés. On soulignera un indice PMI manufacturier à 49,4 (contre 49,7 en mars), un indice PMI des services de 51,8 (contre 52,2 en mars). Pour autant, les prévisions de croissance du FMI concernant la Chine ont été révisées à la hausse à 6,5 % en 2016 (6,3 % auparavant). Cette décision s’appuie notamment sur les futures mesures annoncées par le gouvernement, comme par exemple les incitations fiscales et administratives prises par les autorités locales qui devraient permettre l’émergence d’un certain nombre de nouvelles entreprises de plus petite taille, un excédent commercial toujours aussi robuste ainsi que les marges de manœuvre en termes de politique monétaire assez conséquentes. La question de l’endettement reste toutefois une ombre au tableau.

En Europe, dans leur ensemble, les indicateurs suggèrent que la reprise est bien là même si la vigueur de la croissance reste en suspens. L’indice PMI manufacturier de la zone euro reste stable à 51,7 en avril (contre 51,6 en mars), tout comme l’indice PMI du secteur des services à 53,1 en avril (53,2 en mars). En France, la croissance est encore assez hésitante comme le montre le repli de l’indice PMI manufacturier à 48 (contre 49,6 en mars), ainsi que celui de l’indice PMI des services à 50,6 (50,8 en mars). Néanmoins, l’amélioration du marché de l’emploi ainsi que la confirmation des objectifs de croissance pour 2016 laissent envisager que l’économie de l’Hexagone va mieux. Mais le spectre de la déflation en zone euro menace toujours (-0,2 % en avril) tandis que la croissance du 1er trimestre reste faible (0,5 %). Bien que la BCE ait décidé de ne pas prendre de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire en avril, la Banque centrale allemande affiche clairement ses inquiétudes quant à l’utilisation trop prolongée d’une politique monétaire accommodante qui semble avoir peu d’impact sur les problèmes structurelles des économies de la zone.

Du côté du moral des acteurs, on entrevoit enfin un regain d’optimisme avec un indice IFO du climat des affaires certes stable en avril à 106,6 (106,7 en mars), mais un indice du sentiment économique ZEW des investisseurs en zone euro qui se redresse vigoureusement à 21,5 en avril (après 10,6 en mars) et un indice de confiance des consommateurs en zone euro perdant seulement 7 points contre 9,3 le mois précédent et 9 pronostiqué.

Au mois d’avril, les indices immobiliers ont évolué dans des proportions similaires à celles des indices de référence. En effet, l’indice de performance globale Euronext IEIF REIT Europe a gagné 1,9 % sur le mois d’avril, tandis que l’indice Dow Jones Stoxx 50 affiche une performance de +2,9 %. L’indice Euronext IEIF SIIC France a augmenté de 1,2 %, alors que l’indice CAC 40 a progressé de 1,4 % en sur le mois. Sur un an, les indices immobiliers présentent désormais de bien meilleures performances que celles des indices de référence français ou américain. Ainsi, l’indice Euronext SIIC France est repassé en zone positive avec +1,9 % de gain depuis le début de l’année et l’indice Euronext IEIF REIT Europe ne perd plus que 5,7 %, alors que l’indice CAC 40 baisse encore de 9,4 % et que l’indice Dow Jones Stoxx 50 recule de 14,1 %.

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