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Point de vue de Jérôme Le Grelle, Convergences-CVL

Trois tendances déjà perceptibles de l’immobilier commercial post-crise

En direct du Siec (Paris) - Depuis 2008, le commerce connaît des années difficiles. Sur fond de baisse de la consommation, la révolution digitale naissante a entraîné des changements rapides et souvent douloureux pour les réseaux, les centres commerciaux et les centres-villes. On peut affirmer aujourd’hui sans trop se tromper que nous traversons une période de transition vers un avenir structurellement différent. S’il reste très incertain à court terme, quelques tendances fortes émergent du brouillard.

Des réseaux de plus en plus protéiformes

Pour le commerce, révolution digitale rime avec omni-canal. Par leurs sites d’e-commerce, leurs applications mobiles et leurs points de vente, marques et enseignes se mettent désormais en quatre pour aller au devant du consommateur où qu’il se trouve. 
Dans le monde physique, les enseignes multiplient les formats en permanence pour s’implanter au cœur des flux, de manière durable ou éphémère. Du drive au pop up store en passant par les corners, des gares aux aires d’autoroutes en allant jusqu’aux halls d’immeubles tertiaires, les réseaux deviennent protéiformes.

Une nouvelle segmentation des centres commerciaux

Une chose est donc sûre : si les enseignes se donnent tant de mal pour inventer de nouveaux formats, c’est que l’e-commerce n’est pas près de tuer le magasin, bien au contraire. Mais devant cette ouverture des possibles, le centre commercial devient une option parmi d’autres, dont l’intérêt décroît à mesure que les locomotives traditionnelles (hypermarchés, textile) perdent de leur pouvoir d’attraction. 
À court ou moyen terme, cela inquiète peu les “jumbos”, mastodontes capables de générer leurs propres flux. Les centres plus ordinaires risquent de disparaître peu à peu s’ils ne parviennent pas à se réinventer. On peut faire le pari que cette réinvention, si elle a bien lieu, prendra des formes multiples, très liées aux opportunités locales. Le parc se segmentera selon de nouveaux critères, encore difficiles à discerner.

Des acteurs publics locaux plus impliqués

Au cours de la décennie écoulée, le commerce s’est lentement imposé comme un sujet à prendre en compte par les acteurs publics locaux, dans les projets urbains, le renouvellement des entrées de ville ou le management des centres-villes. En réaction à la désertification commerciale de certains territoires, cette prise de conscience devrait s’accélérer. On voit déjà les collectivités, pressées de tirer parti de la révolution digitale pour renforcer leur attractivité, inventer des projets mixtes mêlant services, artisanat, agriculture périurbaine et commerce. Peut-être même est-ce là un des avenirs possibles pour les centres commerciaux obsolescents.

La crise est souvent le nom donné au passage le plus douloureux d’une transition. Est-elle derrière nous ? Difficile à dire. Elle nous laisse(ra) en tout cas de beaux défis à relever, face auxquels enseignes, acteurs de l’immobilier et collectivités ont largement matière à coopérer.

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