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Vinci Immobilier

O. de la Roussière

Olivier de la Roussière est un promoteur dans l’âme. Dès sa sortie d’école, il décide d’embrasser cette profession. Il ne quittera plus le costume et s’efforcera de gravir tous les échelons jusqu’à devenir le président de Vinci Immobilier, l’un des majors du secteur immobilier. Retour sur un parcours qui est tout sauf lisse.

Olivier de la Roussière a trouvé sa voie. Très rapidement. Dès sa sortie d’école de l’ESTP (Ecole Supérieure des Travaux Publics) en 1981, il décide de devenir promoteur. « J’ai longuement réfléchi et consulté avant de me décider. Mais, ce qui me passionnait déjà à l’époque, c’était notamment la restructuration d’immeubles. Il m’a semblé alors aussi intéressant que logique de devenir promoteur », retrace Olivier de la Roussière. Il entre alors dans la vie active et décide de faire ses armes chez Bouygues Bâtiment. Ingénieur commercial, il se frotte à des programmes de taille déjà conséquente, tel ce programme de 700 logements à Champigny-sur-Marne (94). Trois ans plus tard, il rejoint le groupe CBC, et plus particulièrement une petite structure de promotion.

De Sorif à Vinci Immobilier

Sorif est alors constituée d’une équipe de quatre personnes, dirigée par Pierre Grange. Olivier de la Roussière arrive chez une sorte de niche player qui s’est spécialisée dans la réalisation d’opérations en immobilier vendu à des investisseurs institutionnels. L’équipe grandit rapidement pour monter jusqu’à une trentaine de personnes et réalise de nombreuses opérations en région parisienne, mais aussi sur des marchés régionaux comme à Nice ou Lyon. Le marché est porteur jusqu’au début des années 90.

La grande crise immobilière lessive bon nombre d’opérateurs immobiliers, mais Sorif tient bon. « Nous avons été relativement épargnés par la crise car nous n’avions pas pris de positions trop risquées à l’époque. Cependant, ces années de crise nous ont permis d’en tirer les leçons avec une nouvelle façon d’appréhender l’immobilier et de travailler les projets. J’ai toujours considéré qu’il fallait aussi regarder un immeuble sous l’angle du produit. Cette crise m’a conforté dans mon opinion », décrit Olivier de la Roussière.

A cette époque, Sorif décide de diversifier ses activités et s’aventure à l’international. Olivier de la Roussière en devient le patron et va monter des structures hors des frontières. En Espagne, dans le cadre d’une joint-venture avec Meunier Promotion et, au Portugal, avec la création d’une filiale dédiée. « Nous avons joué sur ces cycles un peu décalés par rapport à la France à l’époque », se rappelle Olivier de la Roussière. L’international l’emmènera avec CBC jusqu’en Afrique du Sud, au Vietnam ou encore en Europe de l’Est, notamment à Prague. « Une période enthousiasmante même si cela m’a coûté quelques week-ends », se souvient-il.

La reprise commence à pointer le bout de son nez à partir de 1995/1996 et Olivier de la Roussière devient directeur général adjoint de Sorif. Le promoteur est, entre temps, passé sous le giron d’un nouvel actionnaire, la SGE qui vient d’absorber le groupe CBC et qui deviendra Vinci. Et Sorif décide de se reconcentrer sur la France. Le promoteur repart sur un rythme de croissance et participe aux plus importantes opérations de réhabilitation et de constructions neuves dans Paris, comme la place Valhubert, le boulevard Malesherbes ou encore la place d’Iéna. « La plupart de ces grands ensembles a été vendu à des investisseurs institutionnels et internationaux. C’était alors la marque de fabrique de Sorif », explique Olivier de la Roussière.

Aussi, quand Pierre Grange quitte Sorif, c’est lui qui devient président de la société. Dès lors, il va s’attacher à donner une autre dimension à Sorif. Et le promoteur va véritablement prendre son envol en 2005 quand Vinci décide de fusionner ses deux filiales immobilières, Sorif et Elige pour créer Vinci Immobilier. « Il s’agissait de deux structures réellement indépendantes sur le plan fonctionnel et parfaitement complémentaires dans les segments de marchés couverts », précise Olivier de la Roussière, qui co-préside l’ensemble aux côtés de Jean-Louis Durand. Il en prendra les rênes seul en 2007.

Un promoteur en plein décollage

En attendant, Olivier de la Roussière décide de diversifier dès 2005 l’activité de Vinci Immobilier en développant les régions et en s’ouvrant au logement en accession avec l’objectif d’en faire un véritable promoteur national. Vinci Immobilier étoffe son maillage territorial en s’implantant à Lille, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Nice, Toulon, Bordeaux, Nantes. « A partir de ce maillage, nous avons décidé de décliner nos cinq lignes de métiers : logement, résidences gérées, commerce, bureau et hôtellerie », précise-t-il. Cette nouvelle stratégie permet à Vinci Immobilier de devenir l’un des promoteurs de la place, tout en conservant une taille humaine avec 300 collaborateurs (dont 50 au pôle gestion), avec 3 500 logements construits par an et quelques magnifiques projets en immobilier d’entreprise. On peut citer notamment la livraison du centre commercial des Docks Vauban au Havre (76) pour le compte d’Unibail-Rodamco, ou encore la construction de la nouvelle cité du Cinéma de Luc Besson à Saint-Denis (93).

Promoteur dans l’âme, Olivier de la Roussière a vu en trente ans son métier évoluer à grande vitesse. « Le métier s’est assaini avec la grande crise des années 90 et s’est professionnalisé, tant sur le plan financier que technique. L’accès est d’autant plus compliqué que l’on a augmenté la problématique de l’acte de construire avec une réglementation toujours plus contraignante », explique Olivier de la Roussière. La montée en puissance du Grenelle de l’Environnement va également faire évoluer le métier de promoteur. « Nous allons continuer de nous adapter à la réglementation. Mais, celle-là est plus intéressante. Nous travaillons dans le sens de l’histoire. Le défi le plus passionnant sera sur l’adaptation des bâtiments anciens aux nouvelles contraintes énergétiques. Les investisseurs comme les utilisateurs auront besoin de spécialistes pour réhabiliter leurs immeubles et les adapter à cette nouvelle donne. Reconstruire la ville sur la ville est l’un des enjeux principaux du Grenelle de l’Environnement. Dans ce contexte, la promotion immobilière a tout son avenir devant elle », synthétise Olivier de la Roussière.

Construire la ville à Val d’Europe

Construire la ville est l’une des passions revendiquées d’Olivier de la Roussière. Et Val d’Europe est un point de passage obligé. « Elige et Sorif s’étaient intéressés très tôt à Val d’Europe avant même de fusionner. Val d’Europe nous est apparu comme un exemple intéressant de la création d’une ville contemporaine et traditionnelle avec un urbanisme et une architecture assumés et un traitement soigné des espaces extérieurs. Un territoire atypique avec une recherche de qualité constante voulu par les aménageurs », souligne Olivier de la Roussière. Vinci Immobilier y a réalisé avec succès trois opérations de logements et un hôtel et a en projet un immeuble de bureaux.

« Le métier de promoteur est passionnant à tous les titres. C’est un véritable chef d’orchestre qui doit coordonner architectes, bureaux d’études, assureurs, entreprises, utilisateurs et assurer financement et commercialisation… », décrit-il. En dehors de sa passion première, Olivier de la Roussière revendique un goût prononcé pour l’art. Son épouse tient une galerie d’art contemporain. Lui aime à introduire des œuvres dans les immeubles qu’il construit. Assez éclectique dans ses choix, Olivier de la Roussière aime à fréquenter aussi bien la FIAC que la Biennale des antiquaires ou encore quelques expositions à New York. Car de son expérience à l’international, il en a gardé une appétence pour les voyages.

« Un immeuble peut être une œuvre d’art, mais il doit être plus que cela », tranche-t-il. A défaut de devenir un architecte – « je n’aurais pas su l’être » – Olivier de la Roussière entend continuer de jouer les premiers rôles dans la construction de la ville.

Article réalisé dans le cadre d'un hors-série dédié à Business Village de Val d'Europe.