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Point de vue de Jérôme Le Grelle, CBRE-Convergences

Réinventons le commerce en ville

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En direct du Mapic (Cannes) - Si les mutations à l’œuvre dans le retail mettent à mal plus d’un commerçant, les exemples ne manquent pas de groupes de distribution ou d’enseignes françaises qui font preuve d’une remarquable combativité : AuchanMonoprixCarrefourFnac – DartyBeaumanoir

Il en faut, évidemment, pour redéfinir des métiers chaque jour plus fragilisés par la concurrence féroce d’Amazon et dans une moindre mesure de Primark (entre autres). Ceux qui réussiront le devront à une combinaison très intégrée de mesures fortes visant à :

  • Rationaliser les coûts d’exploitation, dont celui de l’immobilier
  • Aller vers les clients là où ils se trouvent, en multipliant les formats
  • Améliorer le service et l’expérience client dans le magasin et en ligne, de manière complémentaire.

Notons ces trois objectifs sont en rapport direct avec l’immobilier et l’environnement urbain.

Or la “fabrication urbaine” change, elle aussi, en réaction aux mêmes évolutions technologiques et sociétales. Ce mouvement est-il en phase avec celui du commerce ?

Dans l’appel à projets Inventons la Métropole du Grand Paris, significatif des préoccupations de villes, puisque ce sont elles qui ont proposé des sites et formulé des orientations, le rôle du commerce semble consister pour l’essentiel à : 

  • Animer l’espace public en occupant les rez-de-chaussée
  • Accueillir de nouveaux concepts / signifier la modernité du projet global
  • Positionner le nouveau quartier dans la ville
  • Répondre aux besoins des populations.

Sans être antagonistes, les préoccupations des enseignes et celles des villes s’expriment donc différemment.

Chacun son métier, pourrait-on dire, et laissons la confrontation des points de vue faire naître des idées neuves ? Il faut justement reconnaître à ce concours le mérite d’avoir associé nombre d’exploitants de commerces et services à la conception des projets.

Mais s’il en est ainsi, c’est que la prime à l’innovation visible, architecturale ou, ce qui nous intéresse ici, programmatique (les fameux nouveaux concepts), est la loi de ce type de concours. Elle a fait peser beaucoup d’attentes sur des opérateurs d’activités émergentes : restaurants inter-entreprise ouverts à tous publics, conciergerie, tiers lieu, agriculteurs urbains, et nombre d’acteurs issus de l’économie sociale et solidaire.

Pendant que l’on se pressait autour de ces nouveaux acteurs, aux concepts certes attirants mais loin de dégager la rentabilité du commerce, combien d’enseignes établies, capables d’investir dans ces projets emblématiques de la ville de demain, ont été invitées à partager la réflexion ? Sans doute assez peu, ce qui doit nous faire réfléchir à ce que nous entendons par innovation.

À l’heure où les centres-villes se vident tandis que les commerçants se battent pour redonner du sens à leur métier, un prochain appel à projets pourrait se donner pour thème Réinventons le commerce en ville.

On y verrait certainement apparaître de nouveaux concepts, mais également de nouvelles approches dans la manière d’intégrer à la ville les activités traditionnelles qui restent indispensable à la qualité de vie et à l’attractivité des territoires.

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