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La smart city est morte, vive la ville inclusive !

© ARP-Astrance

Résumer le rapport Borloo remis hier au Premier ministre aux seules banlieues en difficultés est une erreur. « L’archipel des 1 500 quartiers de la politique de la ville, c’est l’équivalent de la population cumulée des dix premières villes de France […]. Mais c’est bien plus en réalité, car ce cumul de graves difficultés et leurs conséquences impactent les quartiers populaires qui leur sont proches et se diffusent alentour ; un alentour culturel, géographique et générationnel. Si l'on ajoute les territoires ruraux délaissés et certaines villes ou bassins en grave déprise, ainsi qu’une partie importante de nos territoires d’outre-mer, ce sont plus de 10 millions de compatriotes qui sont éloignés du moteur de la réussite, n’ont pas les mêmes conditions de départ, les mêmes services de base et donc la même chance de pouvoir, par leur effort et leur mérite, construire un véritable avenir », explique l’ancien ministre de la Ville dans l’introduction de son document. Si le chiffre peut prêter à débat, le constat est quant à lui implacable. Et certains n’ont pas attendu que l’ancien maire de Valenciennes tire la sonnette d’alarme pour se saisir de la question. L’industrie immobilière figure au premier rang de ceux-là.

Pour s’en convaincre, il suffisait d’être présent à Londres lundi et mardi dernier pour la troisième édition du World Built Environment Forum de la RICS, la première en Europe. Une phrase lâchée par un des participants a particulièrement retenu mon attention lors de cet événement destiné à répondre aux défis auxquels fait et fera face la population mondiale au XXIe siècle : « Plutôt que de parler du concept de smart city, je préfère désormais évoquer celui de ville résiliente. » Une idée de plus en plus répandue et partagée notamment par Matthias Navarro, associé fondateur de Redman : « Pour s'assurer que les villes de demain offrent des opportunités et de meilleures conditions de vie pour tous, il est essentiel de comprendre que le concept de ville inclusive ajoute des dimensions sociales et solidaires aux principes – déjà presque classiques – de la smart city qui sont ceux de gestion des ressources énergétiques, alimentaires, environnementales et économiques. »

Mieux, des acteurs commencent déjà à concrétiser la théorie sur certains sites. C’est le cas par exemple de Brownfields au niveau des anciennes friches Westinghouse à Sevran avec un programme de 630 logements (245 en accession libre, 265 en social et 120 en loyer intermédiaire), six résidences de services (étudiants, seniors, jeunes actifs) et 6 000 m² de commerces dans lequel la Caisse des dépôts et la Banque européenne d’investissement (BEI) sont parties prenantes. « Cette opération montre que nous pouvons avoir autre chose dans nos territoires et elle donnera une autre vision de notre ville avec d’autres projets immobiliers et d’infrastructures », nous rappelait en février dernier Stéphane Gatignon. Depuis, celui qui était alors maire de Sevran a démissionné avec fracas, « usé » par le « mépris de l'État pour les banlieues ».

Dans la continuité du rapport Borloo, Emmanuel Macron doit annoncer en mai un plan de mobilisation en faveur des quartiers prioritaires. Pour le succès de ce dernier, espérons que le Président de la République a définitivement compris que l’immobilier n’est pas une rente mais bien un élément essentiel de l'inclusion de tous dans la société française du XXIe siècle.

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