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Point de vue de Filippo Rean, Reed MIDEM

La data, nouveau dada de l’immobilier

© Mipim

La disponibilité et l’analyse des données liées aux immeubles permettent de plus en plus de placer l’utilisateur final au centre des métiers de l’immobilier, de la conception de l’immeuble jusqu’à sa gestion. Cela se fait via les données produites par les utilisateurs eux-mêmes, collectées souvent grâce à l’introduction de l’internet des objets dans nos immeubles, à l’exemple de la gestion de la température ou des espaces partagés à travers des indicateurs de présence. La data est désormais récupérées et valorisées à tous les niveaux de l’immobilier, de la construction à la gestion d’un immeuble, jusqu’à l’analyse des investissements. Par exemple en croisant des informations liées à l’immeuble lui-même et à la zone où il est implanté, on peut évaluer selon plusieurs critères l’attractivité d’un quartier voire d’une rue. Ainsi, la société Kel Quartier met à disposition de multiples données pour aider les acheteurs à cibler le quartier qui correspond le mieux à leurs critères. L’analyse des données livre aux gestionnaires de biens immobiliers des outils qui leur permettent d’optimiser la gestion de leurs biens. C’est l’un des services que proposent HBS Research ou encore Deepki– deux sociétés qui exposeront au Mipim PropTech Europe – la dernière mettant plus particulièrement l’accent sur l’efficacité énergétique.

L’utilisation et l’exploitation de la data transforment les métiers de l’immobilier car ils font appel à de nouvelles compétences. On peut citer en exemple la maquette numérique (BIM) dont l’objectif est de servir à la création mais aussi à l’exploitation du bâtiment. Cette maquette doit réunir tous les éléments d’information liés à la construction de l’immeuble et se transmettre de l’architecte au propriétaire et/ou au facility manager. Tout au long de la vie de l’immeuble, elle doit donc être mise à jour. Le Big Data vient se greffer à la maquette pour mieux connaître la vie du bâtiment et de ses utilisateurs et permettre ainsi une gestion prédictive. Ainsi la capacité d’un asset manager à gérer les données d’un immeuble pourrait devenir pour un investisseur un critère supplémentaire d’évaluation de ce bien.

A l’échelle de la ville, le Big Data apporte une nouvelle dimension à la planification urbaine. L’analyse des données permet, par exemple, de quantifier et de cartographier les flux journaliers de population ou d’identifier l’adéquation entre le nombre d’enfants par quartier et celui des écoles, et ainsi mieux prévoir les infrastructures et l’emplacement des constructions. De manière plus prospective, les recherches actuelles sur le véhicule autonome comptent aussi un volet important d’analyse des données. En effet, selon une étude du Boston Consulting Group, un des éléments essentiels de l’intégration des véhicules autonomes dans la ville sera de disposer d’une plate-forme digitale qui permettra de visualiser l’ensemble du réseau de transport et ainsi gérer le trafic et proposer, en temps réel aux usagers, le meilleur moyen de transport disponible.

Au-delà de tous ces nouveaux usages qui vont transformer notre quotidien et la ville de demain, se pose la question de l’encadrement nécessaire pour assurer un équilibre entre utilisation des données et protection de la liberté individuelle. Parallèlement aux nouvelles règlementations mises en place par les gouvernements, on voit émerger des métiers autour de la cybersécurité immobilière qui vont aller de pair avec la digitalisation croissante de nos sociétés.

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