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Point de vue de Nicolas Régnier, Data Soluce

Silicon Valley : là où se mêlent tech, immobilier et construction

Souvenez-vous, dans le carnet de bord #1, les équipes Data Soluce affinaient leur « pitch » à l’américaine. Désormais rodé, il est temps de vous en dire plus sur leurs premières impressions sur le secteur immobilier californien, et son avancement en termes de digitalisation.

© Paul Bieche

Guidés par Business France et par l’écosystème French Tech très bien implanté dans la baie de San Francisco, nous avons pu rapidement travailler avec les acteurs les plus en pointe sur la digitalisation des projets immobiliers. Que ce soit sur le métier de promoteur (« real estate developer »), que sur celui de l’entreprise exécutante (« general contractor »), ces échanges ont permis de mesurer les écarts en termes de process et de digitalisation. Ces différences sont d’ailleurs autant d’opportunités pour nous inspirer et créer de la valeur pour Data Soluce.

Une approche des projets différente… en apparence seulement !

Les termes sont à première vue différents : les « design guidelines » remplacent notre programme, le « schematic design » et le « design development » nos phases APS et PRO, pour terminer sur les « construction documents » faisant office de DCE (dossier de consultation des entreprises).

En outre, quelques différences notables existent : le permis de construire tel qu’on le connaît en France est ici décomposé en autant d’autorisations que de lots ou corps de métiers. De plus, ces multiples permis sont déposés pour avis à l’Administration (instance publique locale) une fois seulement la conception aboutie, et cela à un niveau de détail proche de celui de l’exécution. L’Administration est pour cela rémunérée, plusieurs dizaines de milliers de dollars selon la complexité du projet.

De même, le concept de « bureau de contrôle » n’existe pas réellement. Cette mission de validation de la conformité réglementaire de l’immeuble est pleinement intégrée par l’Administration lors du permis de construire. D’ailleurs, des vérificateurs sont envoyés par la collectivité locale à chaque grand jalon du chantier (fermeture des cloisons, fermeture des faux-plafonds…), pour y donner un avis de conformité.

Autre exemple, le métier d’« économiste de la construction », tel que nous le connaissons en France, n’est pas ici une fonction courante. Généralement, un chiffrage est demandé à plusieurs « general contractors » dès la phase de « schematic design » (APS). ; le projet est ensuite retravaillé tout au long de la conception pour finalement sélectionner le titulaire des travaux. Les optimisations et la maîtrise du budget se font à cette occasion. Il n’est pas rare, d’ailleurs, de voir des projets passer en « design & build ».

Travailler en BIM est ici la norme

Nous avons pu rencontrer différents acteurs de premier plan en immobilier tertiaire dans la Silicon Valley. Notamment Julian March, principal chez Allign (real estate developer), avec qui nous avons pu partager nos approches du BIM : « Le BIM est pour nous désormais une règle absolue pour tous les projets d’envergure. Nos partenaires en design et construction ont d’ailleurs complètement intégré nos attentes et sont parfaitement en mesure d’y répondre par un usage généralisé des outils BIM. »

Les avantages sont nombreux : le contrôle des surfaces se fait directement par extraction des modèles BIM, ainsi que la synthèse technique et autre gestion de conflits sur les projets. La commercialisation passe également par les maquettes numériques pour les visites virtuelles. Les niveaux de modélisation des maquettes BIM en « design stage » et en « construction stage » y sont extrêmement poussés.

D’ailleurs, à l’instar des huit principes de la Charte d’utilisation du BIM de la SBA (Smart Building Alliance) en France, les maquettes numériques sont dans la Silicon Valley les documents contractuels de référence d’un point de vue juridique : ils priment sur tout autre livrables, que ces derniers soient des pièces écrites ou graphiques.

… Mais le BIM « made in France » a aussi ses atouts !

Néanmoins, le plein potentiel du digital n’a pas encore atteint son maximum dans l’immobilier… même à la Silicon Valley ! De nombreuses ruptures existent encore dans le flux des données d’un projet. Le fonctionnement des acteurs « en silo » existe également ici… à notre grand étonnement ! C’est cependant une très bonne nouvelle pour Data Soluce et notre « landing » aux États-Unis.  En ayant la capacité d’unifier l’ensemble des informations d’un projet à toutes ses phases, et cela sans déconnexion entre les pièces écrites et les pièces graphiques, les gains sur une opération immobilière d’ampleur américaine peuvent être très importants ! Plusieurs projets ont d’ores et déjà été identifiés avec des acteurs américains de premier plan pour mettre en place au plus vite des POC (« proof of concept ») version « USA ». La formule Data Soluce se fait ainsi porte-drapeau de l’innovation sur le BIM « made in France » !

La France n’a pas à rougir de son savoir-faire technologique

L’ingénierie française, et plus généralement la capacité d’analyse et d’abstraction des Français, sont d’ailleurs amplement reconnues à la Silicon Valley. Il n’est pas rare, dans les « licornes » les plus emblématiques de la « Tech », de retrouver des ingénieurs français aux postes les plus stratégiques (intelligence artificielle, stratégie, direction de la technologie, R&D…). Par contre, la capacité américaine à exécuter des process, mettre en place des « metrics » et autres indicateurs de performance, est redoutable. C’est d’ailleurs ce que Data Soluce intègre désormais dans sa feuille de route pour son développement, l’objectif étant de coupler les points forts de l’approche américaine du business, avec le savoir-faire technologique français.

Notre prochaine étape

Tenter de nous immerger dans le monde de la Proptech, en candidatant notamment au prochain événement immobilier incontournable : la Silicon Valley Real Estate Tech Conference ! Il nous appartiendra donc de pitcher devant les acteurs immobiliers et les différents fonds d’investissements en quête de « licornes », et les convaincre de la puissance de la technologie Data Soluce.

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