Le géant américain Blackstone a enregistré un bond de près de 50 % de ses bénéfices, grâce à une vague de cessions, à la faveur de la baisse des taux d’intérêt et de la reprise des transactions.
La société new-yorkaise, premier propriétaire mondial d’actifs immobiliers, s’est montrée optimiste quant à l’évolution de l’immobilier d’entreprise, déclarant que le secteur approchait d’un point d’inflexion dans sa reprise.
Les bénéfices distribuables de Blackstone, c’est-à-dire les bénéfices qui peuvent être versés aux investisseurs, ont augmenté de 48 % pour atteindre 1,9 Md$ au 3e trimestre, en partie grâce à des ventes d’investissements ou à des introductions en bourse. Par exemple, Legence, un fournisseur de services d’ingénierie, d’installation et de maintenance pour les systèmes de construction soutenu par Blackstone, est entré en bourse en septembre. Parmi les autres sorties prévues, Blackstone vend également la Park Avenue Tower de Manhattan à SL Green Realty, le plus grand bailleur de bureaux de Manhattan, pour 730 M$.
« Le barrage des transactions est en train de se rompre », a déclaré Jon Gray, président et chef des opérations de Blackstone, lors de la conférence téléphonique sur les résultats du troisième trimestre. Il a ajouté que Blackstone devrait vendre davantage d’investissements ou voir un plus grand nombre de sociétés qu’il soutient entrer en bourse à mesure que les marchés des fusions et des introductions en bourse se redressent. Il s’agit d’un « marché directionnellement sain et plus liquide », a-t-il déclaré.
La Réserve fédérale a réduit son taux d’intérêt de référence en septembre, sa première baisse de taux cette année, et les économistes s’attendent à ce que deux autres baisses aient lieu avant janvier. Des études ont montré que l’augmentation des coûts d’emprunt depuis la hausse des taux de la Fed en 2022 a nui aux flux de transactions et a entraîné une augmentation des saisies immobilières.
La « baisse du coût du capital » est un « vent arrière séculaire », a indiqué Stephen Schwarzman, directeur général de Blackstone, lors de la conférence téléphonique. « Des marchés de capitaux plus favorables devraient permettre d’obtenir de meilleurs rendements.
Blackstone « commence à pénétrer des marchés au potentiel énorme » en se développant dans des domaines tels que la demande de data centers et d’énergie induite par l’intelligence artificielle, a précisé Stephen Schwarzman. Blackstone élargit également « rapidement son univers d’investisseurs ».
À la recherche de nouveaux investisseurs
La société a récemment dévoilé sa première publicité télévisée au Japon, un pays où le taux d’épargne est l’un des plus élevés au monde, afin d’attirer les capitaux des investisseurs privés. Blackstone, qui célèbre son 40e anniversaire ce mois-ci, se prépare également à l’éventualité que les plans 401(k) et autres plans de retraite puissent un jour avoir accès à des investissements en actifs alternatifs.
Les actifs gérés par Blackstone ont atteint le niveau record de 1,24 billion de dollars après que les entrées de capitaux des investisseurs ont augmenté de 12 % pour atteindre 54,2 Mds$, ce qui représente le quatrième trimestre consécutif au cours duquel les entrées de capitaux ont dépassé les 50 Mds$.
En ce qui concerne le secteur de l’immobilier, Jon Gray a déclaré que l’industrie avait atteint un « point plus abrupt de la courbe de reprise » après avoir touché le fond en décembre 2023 et au début de 2024. Par exemple, son produit phare, le Blackstone Real Estate Income Trust, a enregistré trois trimestres consécutifs de performance positive, les rachats d’actions par les investisseurs atteignant leur niveau le plus bas en trois ans et demi.
Par ailleurs, le déclin des nouvelles constructions d’entrepôts et d’immeubles d’habitation aux États-Unis, parmi les types de biens dans lesquels Blackstone a investi massivement, « devrait être très positif pour la valeur à long terme », a-t-il déclaré.
« Un certain nombre d’éléments sont en train de se mettre en place pour l’immobilier », a remarqué Jon Gray, ajoutant que le volume de l’ensemble du secteur levé sur le marché des titres adossés à des créances hypothécaires commerciales a également augmenté de 25 % depuis le début de l’année, à la lumière de la baisse du coût du capital. « D’un point de vue qualitatif, nous voyons de bons signes. Nous nous rapprochons de l’inflexion dans le secteur de l’immobilier. Nous essayons de déployer des capitaux à grande échelle avant que les gens ne se sentent plus à l’aise ».
Les analystes qui ont participé à l’appel ont soulevé des questions sur une bulle potentielle des data centers et ont demandé si les investisseurs devaient s’inquiéter de l’activité de crédit privé de Blackstone à la lumière de la récente mise en garde du PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, sur les risques plus larges du marché des prêts aux entreprises.
Inquiétude sur les prêts, demande de data centers
Jamie Dimon a laissé entendre que les normes de prêt étaient devenues trop souples, ce qui a conduit à la faillite du fabricant de pièces détachées automobiles First Brands et du prêteur automobile à risque Tricolor. « Lorsque vous voyez un cafard, il y en a probablement d’autres », a-t-il indiqué lors de la récente conférence téléphonique sur les résultats de la banque. « Tout le monde devrait être prévenu.
Jon Gray a déclaré que certaines faillites de crédit d’origine bancaire et certaines fraudes à la déclaration n’ont rien à voir avec l’activité de crédit privé dans laquelle Blackstone est impliquée, ajoutant que Blackstone a un taux de défaillance « minime ». « Nous ne voyons pas beaucoup de problèmes de crédit étant donné la force sous-jacente de l’économie », a-t-il déclaré.
Toutefois, la baisse des taux a un impact sur les rendements du Blackstone Private Credit Fund, même si les investisseurs obtiennent toujours une « prime relative » par rapport à ce qu’ils « peuvent obtenir en crédit liquide ».
Le fonds propose des prêts garantis de premier rang à de grandes entreprises performantes dans des secteurs historiquement résistants, selon le site web de Blackstone.
En ce qui concerne la bulle potentielle des data centers, Jon Gray a souligné que Blackstone se protégeait contre un tel risque en ayant des « contreparties de qualité » dans des « baux à long terme » de 15 à 20 ans.
Avec la forte demande informatique induite par l’IA, « c’est un très bon secteur », a-t-il précisé, ajoutant que le pipeline de location de data centers de Blackstone a doublé au niveau mondial par rapport au deuxième trimestre.