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3 octobre 2025 | 16:41 CET

Une salle, deux ambiances

Le marché immobilier se polarise de plus en plus. Il en va de même pour l’investissement depuis cette rentrée où s’enchaînent les bonnes et les mauvaises nouvelles.

D’un côté, des transactions qui patinent, et parfois capotent. Des prix que l’on renégocie à la baisse. Des marketings que l’on reporte. Des offres bien en deçà des valorisations imaginées par les vendeurs… Bref, l’été a été meurtrier pour la France, engluée dans une crise politique sans fin, sanctionnée par une baisse de sa notation financière, pénalisée par une croissance revue à la baisse à 1 % en 2026. Cette litanie d’incertitudes pèse sur le moral de nombre d’investisseurs domestiques comme internationaux qui, faute de visibilité, procrastinent volontiers sans toutefois rayer totalement la destination France.

Car, de l’autre côté de la pièce, on voit se concrétiser des jumbo deals. Le plus gros de l’année en France sera à coup sûr l’acquisition du portefeuille industriel de Proudreed. Une transaction à 2,3 Mds€ pour un patrimoine de près de 500 actifs constitué de parcs et locaux d’activités et d’un peu de logistique de proximité. Une classe d’actifs que l’on a du mal à classer en France, mais qui héberge un tissu de PMI/PME à travers les territoires. L’équivalent du « light industrial » chez les Anglo-Saxons.

Une fois de plus, une transaction de cette taille n’est accessible qu’à une poignée d’investisseurs, généralement anglo-saxons. Ici, c’est une nouvelle fois le géant Blackstone qui s’est positionné et semble avoir fait de l’Europe en général, et de la France en particulier, un terrain de jeu privilégié.

Quels enseignements tirer de cette transaction dont le closing est attendu à la fin de l’année ? D’abord, que les capitaux sont toujours présents dans l’immobilier, même s’ils sont beaucoup plus sélectifs. Au-delà du « beds and sheds », les investisseurs conservent de solides convictions sur l’immobilier de production, dans lequel on pourrait ranger la logistique, l’activité, l’industriel, demain les data centers.

Ensuite, que la France reste un terreau fertile pour ces investisseurs. Cela devrait nous rassurer sur l’attractivité du pays malmenée ces derniers mois par la zizanie semée par notre classe politique. Laquelle semble davantage mobilisée par le concours Lépine des impôts que sur les vrais sujets stratégiques du pays.

Cela devrait aussi nous convaincre que nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle. Celui d’un réveil économique et d’une réindustrialisation de l’Europe. Mario Draghi a donné le mode d’emploi. À son échelle, avec le deal Proudreed, Blackstone parie que la France restera au centre du jeu.