L’arrivée du BIM (Building information modeling) révolutionne notre manière de concevoir la construction d’un immeuble et l’utilisation d’un ouvrage. Cette technologie n’est pas en soi une révolution, en ce qu’elle combine en réalité des technologies déjà existantes de modélisation d’une maquette en trois dimensions et de confection d’une data-room de fiches-produits rattachées aux objets. C’est néanmoins la démarche BIM qui est révolutionnaire dans la mesure où elle implique que tous les acteurs de la chaîne immobilière utilisent un seul et même outil de la construction à l’exploitation. Il y a donc un défi de formation pour toute la chaine de construction de l’immeuble mais aussi pour les juristes qui accompagnent la contractualisation de la démarche BIM. Ces derniers se concentrent actuellement principalement sur le problème de la responsabilité des entreprises qui vont alimenter la maquette et des problèmes d’assurances que cela implique.
Par ailleurs, les rédacteurs de Vefa et de Befa doivent, dès à présent, intégrer ces problématiques dans leurs contrats et notamment prévoir les modalités de mise en œuvre de la démarche BIM et la transmission de la maquette à l’acquéreur. Une bonne rédaction de ces questions implique que les conseils soient avisés des différents modes de fonctionnement du processus BIM, des logiciels existants, du support de stockages de la maquette. Par ailleurs ces conseils devront s’approprier de nouveaux concepts techniques tels que le niveau de détail, la fiche produit, la charte BIM, le BIM managers. Au final, la représentation d’un immeuble en Vefa ou en Befa, telle que nous la connaissons actuellement, c’est-à-dire par une série de plans en deux dimensions et une simple notice descriptive, sera bientôt dépassée. Les professionnels mais aussi les conseils doivent anticiper le passage à une contractualisation tridimensionnelle de l’ouvrage, qui est permise grâce aux avancées technologiques telles que le BIM.
Contractualiser une maquette numérique implique une parfaite maitrise du procédé technologique en lui-même, mais surtout des outils permettant d’attester d’un contenu numérique. Dans ce domaine les notaires sont précurseurs et peuvent authentifier du contenu numérique, avec l’acte de dépôt au coffre-fort électronique qui existe déjà depuis 2007. Par ailleurs, la quasi-totalité des actes notariés sont aujourd’hui entièrement numériques et signés sur tablette, avec toutefois des limites techniques quant au volume de données, des dizaines de Megas, alors qu’une maquette BIM se compte en Gigas. Nous anticipons toutefois une montée en puissance de l’outil notarial grâce à la blockchain, qui va permettre de sécuriser le stockage rapide de données numériques. Les instances professionnelles du notariat travaillent déjà sur de tels outils.
Screeb Notaires a déjà lancé ces premiers essais en matière de contractualisation du BIM et travaille en partenariat avec ses clients promoteurs pour que la démarche BIM soit sécurisée et comprise de tous, acquéreur et utilisateur. Screeb Notaires peut déjà effectuer le dépôt électronique de la version initiale de la maquette BIM et sera en mesure, à court terme, d’assurer l’hébergement sécurisé de la maquette via la blockchain. Mais attention, ce passage à la troisième dimension qui passe pourtant comme une révolution, n’est qu’une étape vers une quatrième dimension, avec la sécurisation et la contractualisation du facteur « temps » dans la production et la gestion du flux d’information. On parle ici d’horodatage des données mais aussi de conservation vivante et interactive de la donnée. Là encore, la blockchain promet d’apporter un niveau de sécurité supplémentaire à la démarche BIM et plus généralement au concept de data-room interactive. Imaginez une maquette-data-room sous forme de BIM conception/réalisation/exploitation que l’on pourrait visualiser au cours du temps avec un simple curseur !
