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[PORTRAIT] Jean-Marc Gambaudo, le (ré)conciliateur

Jean-Marc Gambaudo © D.R.

Jean-Marc Gambaudo est un réconciliateur. Il réconcilierait les plus récalcitrants d’entre nous avec, pêle-mêle, les mathématiques, l’université et tout simplement la science. La transition de l’ordre vers le désordre est la spécialité de ce directeur de recherches tombé dans les mathématiques dès son plus jeune âge à Nice. Besoin de voir d'autres horizons : le mathématicien prend la tangente et s’en va jouer au globe-trotteur aux États-Unis, au Brésil ou encore au Chili avant d'assumer des responsabilités nationales. « Lors de la séparation du CNRS en grands instituts en 2007, j’ai proposé et ai été chargé de construire l’Institut des sciences mathématiques et de leurs interactions qui fonctionne très bien aujourd’hui », se souvient le passionné qui a la fibre communicative. Mais, lassé des travers de l’administratif, ce fort en gueule décide de redevenir… simple chercheur de base et change de domaine scientifique en prenant la direction d’un laboratoire de physique théorique à Sophia Antipolis. Enfin, c’est ce qu’il croit… C’est sans compter sur la force de persuasion de Frédérique Vidal, ex-présidente de l’université Côte d’Azur et actuelle ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui l’extrait de ses tubes de labo pour lui donner une mission, de taille : décrocher la labellisation Idex. Réservé à une dizaine d’élus – les plus intensifs en recherche –, ce sésame permet de financer des travaux structurants à hauteur de 15 M€ par an pendant quatre ans. À la surprise générale, attendu par personne sinon par les siens, Nice Côte d’Azur emporte la décision. Avec un mode opératoire original, tout droit issu de la fertilisation croisée chère à Sophia Antipolis : l’ancrage territorial et l’horizontalité. Et une conviction, forte et différenciante : l’université n’est pas un îlot mais un moteur de la connaissance. « Notre force, c’est cette chaîne de valeur depuis les laboratoires de recherche jusqu’aux entreprises, en passant par les collectivités locales. Ici, nous sommes en capacité de mener de vrais projets interdisciplinaires sur une même thématique », insiste Jean-Marc Gambaudo. 

La rupture UCA

Depuis septembre 2015, cette dynamique vertueuse emmène Jean-Marc Gambaudo à la première place de l’université Côte d’Azur, un conglomérat de 13 membres qui va, fin 2019, ne plus faire qu’un. Disruptif, l’homme place son mandat sous le sceau du… saut. Entendez, de la rupture. « Je veux démontrer que la Côte d’Azur, en dépit de sa condition péninsulaire, ce n’est pas que le tourisme. C’est aussi beaucoup d’innovation, de recherche, d’hybridation entre les chercheurs, les entreprises et les pouvoirs publics », martèle-t-il. Le discours dépasse les clivages politiques et les querelles de chapelle. « C’est le bon moment pour la rupture. Il faut aller vers cette université horizontale, avec des entreprises très en haut dans la chaîne de l’innovation. Un nouveau modèle reste à inventer », plaide un humaniste qui aime transmettre son savoir. Implantée de Cannes à Menton, en passant par Sophia Antipolis avec le campus Sophia Tech ou le laboratoire de géosciences, l’université Côte d’Azur a, avec ses 13 points d’ancrage sur le territoire, le don d’ubiquité. La prochaine étape de l’université Côte d’Azur, c’est l’unité grâce à un décret d’application qui devrait paraître en juillet prochain et un nouveau conseil d’administration fin 2019. Un virage à négocier qui pourrait faire dire à Jean-Marc Gambaudo que la boucle est bouclée. 

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