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[VIDEO] Malgré les turbulences, l’hôtellerie française maintient le cap… pour l’instant

Économie mondiale, Gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites… rien n’a pu arrêter la croissance de l’activité hôtelière française en 2019. Mais, selon In Extenso TCH, l’année 2020 pourrait marquer la fin de la série de progression.

Olivier Petit et Philippe Gauguier © Business Immo

Depuis plusieurs semaines maintenant, les tensions nationales et internationales sont « exacerbées par une crise sanitaire avec le coronavirus. Pour l’heure, elle n’a pas encore eu un impact mesurable, mais on voit des annulations qui arrivent. Si l’épidémie est endiguée, le second semestre pourrait rattraper les moindres performances du premier. » Avant la multiplication des annulations ou de report d’événements – tels que le Mipim –, Olivier Petit, associé chez In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie se voulait relativement rassurant sur les perspectives de l’activité hôtelière en 2020. Lors d’une conférence organisée vendredi, en partenariat avec Business Immo, In Extenso TCH dévoilait, en effet, son rapport sur les « Tendances de l’Hôtellerie 2019 ».

En 2019, un bilan de l’activité hôtelière est resté positif en France. Et ce malgré les turbulences économiques et sociales : les nombreuses incertitudes pesant sur l’économie mondiale et, de facto, sur le secteur du tourisme, les Gilets jaunes en début d’année, les grèves à la SNCF au printemps et les mouvements contre la réforme des retraites en décembre. L’année se clôture avec un taux d’occupation stable et une hausse d’un peu plus de 1 % de la recette moyenne par chambre louée, soit un RevPAR en progression de 1,6 % par rapport à 2018. Comparativement, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont connu une progression d’environ 1 % de leur RevPAR en 2019, les Pays-Bas de moins de 1 %, tandis que l’Espagne et la Belgique ont affiché une progression de 5 % à 6 % sur le dernier exercice.

Paris vs régions : bilan contrasté

Les mouvements sociaux qui ont secoué la France ont impacté la capitale bien plus lourdement que les régions. À Paris, l’hôtellerie intra-muros a achevé l’année 2019 avec une baisse d’occupation d’environ 3 %, mais une croissance de 2 % de la recette moyenne par chambre louée comparée à 2018. Les taux d’occupation ont reculé de l’ordre de 2 % en Île-de-France, avec une baisse quasi identique à Paris, en petite et grande couronne. Les chiffres d’affaires hébergement ont baissé dans l’hôtellerie haut de gamme et luxe, respectivement de 2 % et 9 %, alors qu’ils ont progressé dans l’hôtellerie économique et milieu de gamme. « Ces performances ont été maintenues par l’augmentation des prix moyens par chambre louée sur toutes les catégories, sauf sur le segment luxe », souligne l’étude.

Ailleurs sur le territoire national, la situation a été plus avantageuse. L’hôtellerie azuréenne, notamment, a enregistré en 2019 une progression de près de 2 % de son taux moyen d’occupation comme de sa recette moyenne par chambre louée (soit environ +3,5 % de RevPAR), tous segments confondus. Ces résultats ont été portés par les bonnes performances enregistrées au deuxième semestre, alors que le premier était stable par rapport au premier semestre 2018 qui avait constitué un record de fréquentation touristique jamais atteint depuis dix ans. Depuis 2015, les taux d’occupation en régions ont augmenté de presque 7 % et la recette moyenne par chambre louée de 4 %, particulièrement grâce aux bons résultats enregistrés dans les catégories supérieures : les chiffres d’affaires ont connu une progression d’environ 12 % dans l’hôtellerie milieu de gamme, haut de gamme et luxe. À la saison estivale, l’hôtellerie en régions s’est démarquée de la capitale et de la Côte d’Azur avec de bons résultats sur l’ensemble des catégories. Certaines agglomérations françaises affichaient une progression à deux chiffres de leur RevPAR : Le Havre Seine Métropole (hausse de 39 % sur l’économique à 52 % sur le milieu de gamme), ou Rouen Normandie (croissance du RevPAR d’environ 40 % à 41 %) avec l’Armada. En compensation des nombreux conflits sociaux, les résultats de l’hôtellerie française ont été soutenus par quelques grands événements, tels que la Coupe du monde féminine de football, le 75e anniversaire du Débarquement ou encore le sommet du G7 à Biarritz.

Fin de série en 2020 ?

Dans un contexte de croissance « molles », de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, de Brexit… l’année 2020 commence avec un degré d’incertitude très élevé pour le secteur du tourisme, auquel s’ajoute désormais le coronavirus. Cependant, cette année pourrait encore voir les CA hôteliers progresser de 1 à 2 %, car les fondamentaux du tourisme français restent solides et le secteur a témoigné d’une résilience particulièrement soutenue. La croissance du secteur pourrait cependant être portée par les régions et les familles d’hôtellerie d’entrée de gamme, moins exposées aux clientèles internationales. Réponse dans un an.

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